blanche, de qualité supérieure, telle qu’on l’obtient aux Bahama, se vend entre 900 et 1,000 francs.
Ces prix ne sont-ils pas appelés à baisser par suite de la production accrue ? Cela semble vraisemblable ; en revanche, les fabricans de cordages estiment qu’une baisse des prix de la matière première amènerait une consommation bien autrement importante. Le prix actuel s’oppose à l’emploi du chanvre sésal pour les usages communs ; on lui substitue le chanvre broyé. Le jour où ce prix serait réduit, et il pourrait l’être, sans diminuer les profits du planteur, par l’emploi de machines perfectionnées pour dépouiller la fibre, le chanvre sésal deviendrait d’un emploi général. Les États-Unis seuls en consomment plus de 60,000 tonnes par année et le droit qui était, récemment encore, de 75 francs par tonne, a été supprimé.
Étant donnés le prix de revient et le prix de vente, la qualité des produits obtenus et leur universel emploi, la culture de l’agave semble appelée à enrichir cette île d’Andros, impropre, en apparence, à toute autre exploitation. L’agave croît merveilleusement sur ce sol déshérité ; son rendement y est ininterrompu et indépendant des saisons ; le climat, comme le travail, y est donc régulier et exclut toute période de chômage.
Il faut quatre ans pour que les agaves commencent à produire des feuilles de suffisante longueur. Les plants sont alignés et espacés de 3 mètres. Deux fois par an, on bine le sol jusqu’à ce que l’agave atteigne 1 mètre de hauteur, après quoi le binage devient inutile. Dès la quatrième année, la plantation est en plein rapport et le planteur n’a plus qu’à couper régulièrement les feuilles et les décortiquer ; ce travail se fait sur place. La feuille ne rendant que 5 pour 100 de son poids en fibres, le transport des feuilles à une usine centrale constituerait un inutile surcroît de dépense. Un bon ouvrier coupe par jour trente paquets de feuilles, soit cent cinquante, et une plantation bien outillée actionne une machine à décortiquer par chaque 100 acres en exploitation.
Ces industries nouvelles : culture des fruits et plantations d’agaves, se juxtaposent aux industries primitives et en quelque sorte traditionnelles d’une population noire et métisse d’environ 60,000 habitans. Elles leur impriment, par les capitaux qu’elles attirent, par les résultats qu’elles donnent et les débouchés qu’elles ouvrent, une impulsion nouvelle. Ces industries se bornaient principalement à la pêche des éponges, des huîtres perlières et des tortues. Les premiers habitans de ces îles étaient plongeurs émérites ; ainsi le sont encore leurs descendans, ou mieux leurs remplaçans, car les autochtones transportés comme esclaves à Cumana, sur la