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aujourd’hui le roulottage, c’est-à-dire enlèvent subrepticement des camions les colis en l’absence du cocher qui est allé faire une livraison ; ce n’est d’ailleurs pas uniquement le fait des roulottiers, mais des camionneurs eux-mêmes. Après avoir pris un grand essor, cette spécialité est en décroissance.

Le voleur berlinois est un artiste qui vient à bout des serrures les plus compliquées. Toute une catégorie d’ouvriers serruriers s’adonnent à la fabrication de fausses clés. Les instrumens dont le voleur se sert sont à peu près les mêmes dans tous les pays : un ciseau, de fausses clés et une scie en acier. À Berlin, il y a une catégorie de voleurs qui font la guerre aux coffres-forts, et qui sont arrivés à une adresse extrême dans l’art de les forcer, au besoin de les scier. De ce côté aussi la police se flatte d’une amélioration.

En 1890, Berlin ne possédait plus de célébrités comme Imm, Pattri, Strauss, qui étaient redoutés pour leur audace et leur habileté à ouvrir les coffres-forts.

Les exploits nocturnes des bandes qui, en 1885 et 1886, terrorisaient la population de Berlin et des environs, ont cessé. Dans ces visites, les malfaiteurs enfermaient sous clé les habitans surpris dans leur chambre à coucher. Deux fois seulement des voleurs saisis sur le fait se sont défendus à coups de revolver.

Une affaire qui fit beaucoup de bruit à Berlin fut celle de vols commis à l’aide de fausses clés au ministère de la justice, de l’intérieur et chez le commandant de la place. L’auteur en était un cambrioleur de profession qui travaillait, par principe, tout seul, sans complice, et qui, actuellement, subit sa peine.

Le vol fameux chez le banquier Paasch, dans le bureau duquel les voleurs ont pénétré en perçant un trou au plafond (ils avaient loué les pièces au-dessus), a été exécuté par des Anglais.

Les voleurs britanniques viennent de temps en temps donner des représentations en Allemagne, et ils se montrent infiniment supérieurs à leurs confrères allemands, notamment par la qualité des outils qu’ils emploient.

Ce sont des Anglais qui, en 1890, ont attiré l’attention de la police de Berlin, à la suite d’une tentative d’effraction faite à Hanovre, parce qu’ils détruisirent la porte en fer d’un caveau contenant 7 millions de valeurs, à l’aide d’une soufflerie à gaz.

Les vols par effraction, à l’aide de fausses clés, dans les comptoirs, les magasins et les débits, en vue de l’argent qui peut se trouver en caisse, sont assez fréquens, ainsi que dans les logemens qui restent, à un moment donné, sans garde le dimanche ou l’après-midi.

Un auxiliaire indispensable, c’est le receleur, qui abonde sous