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C’est en 1876 que l’on a commencé à collectionner les photographies qui forment aujourd’hui l’album servant aux constatations d’identité. En 1890, cet album contenait treize volumes, divisés par catégories et dont les trois derniers tomes sont consacrés aux criminels internationaux, aux vagabonds et aux malfaiteurs étrangers. Pour servir de complément, on a fait une collection d’autographes, une liste de faux noms, sobriquets, une liste des signes particuliers, blessures, tatouages, etc., une liste des spécialités dans laquelle on catalogue les voleurs, enfin un registre des souteneurs. Dans les dix dernières années, plus de 1,000 criminels de profession ont été reconnus à l’aide de l’album.

On ne s’est pas décidé encore à introduire le service anthropométrique qui fonctionne avec tant de succès à Paris. On se contente d’identifier les malfaiteurs à l’aide des photographies que l’on possède.

Enfin on a organisé un musée qui renferme des spécimens de l’outillage dont se servent les voleurs[1].

Le public peut prêter un concours précieux à la police, mais à Berlin comme dans d’autres villes, on constate une répugnance très vive à entrer en contact avec le service de la sûreté. On craint les ennuis, les désagrémens, les pertes de temps qui peuvent en résulter.

La presse, par la publicité qu’elle donne, est un auxiliaire inappréciable ; aussi la police de Berlin envoie-t-elle directement, et sans distinction de couleur politique, des communiqués à tous les journaux. Ceux-ci d’ailleurs, surtout s’ils cultivent spécialement le fait divers, ne se contentent pas des nouvelles de source officielle ; ils ont leurs propres reporters, auxquels on est redevable souvent d’informations à sensation.

Il se publie à Berlin une feuille spéciale, rédigée par la police, ne contenant que des matières intéressant la sûreté et dans laquelle les États étrangers font des insertions. On y reproduit les mandats d’arrêt, les signalemens.

Le service des mœurs, qui a été rattaché à la quatrième division, est fait à Berlin par un inspecteur, un commissaire, dix sous-officiers, cent trente et un agens. La police des mœurs a pour mission de combattre la prostitution, et il faut rendre cette justice à l’administration berlinoise qu’elle agit avec une rigueur et une vigueur extraordinaires.

  1. L’ouverture des portes et des armoires est facilitée aujourd’hui que l’on fabrique en gros et mécaniquement les serrures, et que, dans tout magasin de quincaillerie, on peut se procurer des clés faites d’avance, dont il suffit souvent de modifier la barbe par le limage.