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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/412

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de variétés nouvelles. Ces variétés apparaissent presque toujours chez les mâles et se transmettent par eux : or l’éleveur, ici, ne laisse pas aux femelles le soin de choisir ; ce n’est donc pas, comme le prétend Darwin, la « sélection » sexuelle, mais la constitution même du mâle qui fait que ses variations sont et plus fréquentes et plus transmissibles. Brooks conclut : « Nous considérons les cellules mâles comme étant l’origine de la plupart des changemens par lesquels l’espèce est arrivée à son organisation actuelle. » C’est le mâle qui marche en tête, la femelle qui suit dans la transformation des races. Toutefois, ajoute M. Geddes, dans les progrès qui eurent pour première origine « le sacrifice reproducteur et l’amour, » les femelles ont « l’honneur d’avoir ouvert le chemin. » D’une manière générale, l’élément féminin représente donc dans l’histoire des espèces animales le principe de l’unité ; le masculin, celui de la multiplicité. L’un est la tradition spécifique, l’autre est l’innovation personnelle. Les deux sont également nécessaires : point de progrès possible sans les forces qui conservent et sans les forces qui modifient.


Les divergences sexuelles sont d’autant plus marquées qu’on s’élève davantage dans l’échelle de l’évolution. C’est donc dans les races humaines et dans les individus humains les plus développés qu’on peut lire le mieux les traits physiologiques qui séparent les sexes. Le tempérament d’épargne se manifeste clairement chez la femme par des signes bien connus : rondeur des tissus, activité moindre des échanges moléculaires, d’où résulte une faim moindre, ainsi qu’une moindre puissance digestive. Le développement de la poitrine, du bassin et des hanches, où les lignes courbes et ovales prédominent, est une conséquence nécessaire d’un tempérament en prédominance de nutrition et destiné lui-même à la nutrition de l’espèce. Ce développement, en donnant le dernier trait à la beauté de la femme, lui ôte en même temps l’agilité. Les anciens poètes ont fait d’Atalante, de Camille, des femmes légères à la course ; on leur a répondu que la rapidité de la femme, sinon de la jeune fille, est chose impossible : la femme porte proportionnellement, diraient les physiciens, plus de « poids mort. » Mais ce prétendu poids « mort, » c’est ce qui alimentera la vie des générations.

Le tempérament d’épargne entraîne encore, chez la femme, la prédominance des fonctions de la vie végétative et viscérale. C’est, en effet, aux viscères que les fonctions de réparation et de construction physiologique sont principalement dévolues : élaboration du sang, circulation, purification du sang par la respiration, etc. Enfin il y a des viscères qui ont pour objet la nutrition même de la race et dont l’importance est notoire dans la vie féminine. En vertu