soufre, arsenic (sulfure), sel ammoniac ; puis ils ont été portés au chiffre sept par symétrie, l’arsenic étant dédoublé en arsenic rouge (réalgar) et arsenic jaune (orpiment) et le soufre distingué en soufre jaune, rouge et blanc. Le mercure est à la fois compris dans la classe des corps et dans celle des esprits. Les pierres sont partagées en pierres contenant des esprits, c’est-à-dire susceptibles de fournir des liquides et des sublimés par l’action de la chaleur (au contact de l’air), au nombre de sept : ce sont les marcassites (sulfures métalliques), les vitriols (sulfates de fer, d’alumine, de cuivre, etc.) et les sels ; — et en pierres ne contenant pas d’esprits.
Chaque genre de pierres est à son tour partagé en sept espèces, par exemple : la marcassite dorée, argentée, ferrugineuse, cuivreuse, etc. Il y a sept sels naturels et sept sels artificiels. Il y a sept aluns, sept fondans, désignés par le mot borax, qui a pris chez les modernes un autre sens. Sept minéraux entrent dans les préparations : cadmie, litharge, minium, céruse, sel alcalin, chaux vive, verre, et l’on emploie aussi le cinabre, le vert-de-gris, le stibium, l’émail, etc.
J’ai cru devoir reproduire toute cette liste, qui fait connaître le tableau des substances chimiques en usage au xiiie siècle. On remarquera que ces substances sont ordonnées suivant les principes d’une classification analogue à ce que l’on a appelé plus tard en botanique la méthode naturelle, mais dominée par l’intervention systématique du nombre sept.
Après la description des matières employées en chimie, vient celle des ustensiles et appareils : marmite, matras, cucurbite, alambic, mortier et pilon, fourneaux, etc. ; puis celle des sept opérations : chauffage ou cuisson, sublimation des corps et des esprits, distillation à feu nu ou au bain-marie, fusion, fixation. La distillation est décrite avec soin ; mais cette opération remontait aux alchimistes grecs, comme je l’ai expliqué dans la Revue. Nous ne trouvons ici rien d’essentiellement nouveau. L’auteur termine par ces mots : « Ainsi tout est rendu manifeste. »
On voit par ces détails avec quelle précision nous pouvons parler de la chimie d’alors. Sans doute, il y a bien des points qui restent obscurs, bien des opinions erronées ; mais il n’en existait pas moins un fond sérieux de connaissances positives, qu’il est facile de comprendre, en se reportant à l’état des intelligences et à la signification des mots de l’époque. Nous pouvons donc appuyer nos comparaisons et nos raisonnemens sur une base solide.
Pour compléter cet exposé de la science chimique arabe, il convient de dire que le traité analysé contient à la suite des recettes d’alliage, de teinture métallique et de transmutation, diverses formules