du comte Taaffe sur l’extension du droit de suffrage ont jeté le trouble dans tous les esprits. Le monde financier, à Berlin, calcule ce que va coûter aux contribuables l’établissement des nouveaux impôts, tabac, vins, opérations de bourse (120 millions de marks environ), rendu nécessaire par l’application de la loi militaire. Au Stock-Exchange la spéculation essaie de galvaniser le marché des actions des mines d’or, de cuivre ou de diamans. Les valeurs américaines de chemins de fer ont oscillé de prix selon que le vote sur la loi Sherman semblait plus ou moins imminent. L’abrogation de cette trop fameuse loi a été enfin votée par le Sénat américain le 30 octobre ; on compte que, cette question une fois réglée, l’Angleterre aura, pendant quelque temps, de fortes quantités d’or à envoyer à New-York, mais il ne semble pas que ces expéditions doivent être assez importantes pour provoquer une véritable crise de taux d’escompte.
La conférence monétaire tenue à Paris a terminé ses travaux et accepté de prononcer la nationalisation, demandée par l’Italie, des pièces de 2 francs, 1 franc et 50 centimes, de cet État. Lesdites monnaies n’auront plus cours dans les divers pays de l’Union latine autres que l’Italie elle-même, et seront remises par les particuliers aux caisses publiques qui en feront livraison, dans des conditions déterminées, au gouvernement de Rome ; l’accord a plus de peine à s’établir sur les modalités de livraison et de paiement que sur le principe même de la nationalisation.
La terminaison rapide de cette négociation n’a eu qu’une faible influence sur la tenue de la rente italienne. Il importe peu, en effet aux spéculateurs engagés sur ce fonds ou aux créanciers du royaume que les Italiens aient maintenant quelque chance de revoir un jour circuler chez eux des pièces d’argent. La seule question qui les intéresse est celle du service des coupons. Ce service ne paraît plus assuré comme il l’était naguère, et de nombreux porteurs d’inscriptions de rente d’Italie veulent sortir à tout prix, et sans plus attendre, d’un placement qui n’offre plus une complète sécurité. Nul ne met en doute que l’Italie ne soit en mesure de payer le coupon de janvier 1894 ; on n’oserait se montrer aussi affirmatif au sujet du coupon de juillet.
La déroute a commencé après la liquidation du milieu d’octobre, lorsqu’il fut avéré que la fameuse avance de 40 millions de marks consentie à Berlin n’avait pu déterminer la moindre reprise sur les marchés ni contraindre le découvert à précipiter ses rachats. Les dissertations politiques de MM. Giolitti et di Rudini ont fait le reste. Le premier ministre du roi Humbert a exposé tout au long, dans une confession solennelle, le lamentable état où se trouvent les finances du royaume, et il a proposé, comme remèdes, l’augmentation des droits de succession, l’impôt progressif sur la richesse mobilière, le paiement des droits de douane en or, tous expédiens inefficaces, et qui ne