Il nous est assez indifférent de voir discuter à l’étranger la façon dont se liquide à Bankok la querelle franco-siamoise, et, il nous importe aussi fort peu qu’une presse hostile s’étonne de ce que 250 soldats français, détachés à Chantaboun, s’y fortifient en face des 4 000 soldats siamois qui les y ont précédés. Ce qui peut paraître plus grave, c’est que dans la Chambre des lords, (comme dans celle des Communes, des voix hautaines semblent demander notre effacement dans l’Indo-Chine en s’appuyant sur des prétentions que rien ne justifie.
En présence des déclarations fermes et loyales de notre honorable ministère des Affaires étrangères, la presse anglaise, longtemps ameutée contre nous, est devenue plus modérée ; il suffit, croyons-nous, au cours des négociations qui ont lieu en ce moment au quai d’Orsay, que M. Develle tienne le même langage à l’ambassadeur d’Angleterre, pour que, grâce à sa haute influence, certains membres du Parlement anglais rentrent aussi dans la mesure qui convient en parlant d’une nation amie. Contraste bien fait pour justifier notre bonne foi et prouver notre droit : de ce côté du détroit, pas un journal ayant une influence sérieuse, pas un homme politique ayant quelque valeur, n’ont cru devoir adopter à l’égard de l’Angleterre le ton que des publications et des hommes de l’Etat du Royaume-Uni ont pris vis-à-vis de nous. D’habitude, nous avons dit aux étrangers le plus grand mal de nos actes ; qu’il nous soit permis cette fois-ci de faire notre éloge.
C’est tardivement que nos voisins ont compris que le récent différend avec Bankok ne concernait que la France. Sans l’envoi