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malgré les objections très sérieuses qu’il peut soulever tant de la part des États de l’Union monétaire latine que des puissances à l’égard desquelles l’Italie s’est liée par des traités de commerce. On ne saurait, dans cette énumération des causes de faiblesse pour la rente italienne, négliger l’impression fâcheuse produite par la plaisanterie que s’est permise au banquet du lord-maire l’ambassadeur d’Italie en Angleterre.

L’Extérieure a été aussi très vivement relevée, grâce à de nombreux achats tant des capitalistes espagnols eux-mêmes que des amis fidèles et puissans que les finances d’Espagne possèdent à Paris. Le cours de 61 a été repris, puis discuté, le change dépassant toujours 23 pour 100. Avant le malencontreux incident de Melilla, un projet était en élaboration pour une importante opération financière destinée à sortir le Trésor espagnol des embarras au milieu desquels il se débat depuis plusieurs années. L’opération consistait en un gros emprunt sur le marché français, où il ne tient qu’aux Espagnols de voir leur rente prendre définitivement le caractère de valeur sympathique. Elle était fondée sur les réformes fiscales mises en application par le ministre des finances, M. Gamazo, et qui donnaient déjà d’heureux résultats. L’expédition contre les Kabyles ajourne nécessairement la mise à exécution de ces desseins.

La crise ministérielle en Autriche s’est dénouée plus aisément qu’on ne le redoutait par la fondation d’un ministère de conciliation sous la présidence du prince de Windischgrætz, et d’autre part l’empereur François-Joseph, roi de Hongrie, a autorisé le ministère hongrois a présenter aux Chambres le projet de loi sur le mariage civil obligatoire. L’horizon politique étant rasséréné sur les deux places de Vienne et de Pest, le marché s’est aisément ressaisi ; le 4 pour 100 de Hongrie s’est relevé à 93 francs, soit au niveau où l’avait trouvé le début du mouvement de réaction. Les actions des grandes banques de Vienne ont également monté, ainsi que les Chemins Autrichiens et Lombards, ces deux titres restant à 613.75 et 220. L’agio sur la valuta dépasse encore 6 pour 100, trompant toutes les espérances qu’avait fait concevoir la réforme monétaire.

Les valeurs ottomanes ont accompagné la hausse des titres de grande préférence. On sait d’ailleurs que les finances ottomanes se sont acquis de solides appuis à la fois à Paris, à Londres et à Berlin, ce qui les met à l’abri des secousses violentes, et consolide peu à peu leur crédit par une avance lente, mais ininterrompue des cours. Depuis le commencement du mois la Banque ottomane a été portée de 578.75 à 586.25, l’obligation Douanes a reconquis le pair de 500 francs, et l’action des Tabacs s’est avancée de 385 à 395 francs.

À Athènes, le ministère qui avait dû, dans une heure de détresse, prendre la succession de M. Tricoupis, avouer pour la Grèce l’impossibilité