pour ceux qui ont le culte de ce qui est grand et désintéressé. M. Maurice Loir a pris la marine à ses débuts, alors qu’elle empruntait à la marine commerçante ses barques et ses matelots, et l’a suivie pas à pas dans ses progrès continus, dans ses transformations successives, depuis les nefs et les galères, les naves et les galéasses, jusqu’aux vaisseaux à plusieurs étages de batteries, puis aux vaisseaux à vapeur et finalement aux cuirassés, qui sont les bâtimens de combat de l’heure présente. Il a décrit la série ininterrompue des changemens apportés dans l’armement, depuis les canons à boulets de pierre jusqu’aux torpilleurs, et dépeint chemin faisant les mœurs, les coutumes, la vie intime des marins aux différens âges de notre histoire maritime, en rappelant brièvement les guerres navales entreprises par la France, et la persévérance et l’ardeur de nos marins, qui n’ont qu’un souci, celui d’être à la hauteur des suprêmes destinées qui l’attendent après toutes les actions héroïques dont elle a le droit de s’enorgueillir. Avec lui le lecteur vit à bord des navires qu’il dépeint, côte à côte avec les marins qu’il met en scène, partage leurs enthousiasmes et se sent pénétré d’admiration aux grands spectacles qui se déroulent devant lui. Et ils se déroulent en réalité sous ses yeux, en une série de gravures, de dessins, de croquis pris sur le vif, par MM. Couturier et Montenard, deux peintres de marine dont ceux qui aiment les choses de la mer ont plus d’une fois apprécié les œuvres dans les expositions.
Puissent ces pages si vibrantes de patriotisme et qui seront lues avec passion par les jeunes gens, inspirer à quelques-uns le désir d’embrasser une carrière toute de dévouement, d’abnégation et qui exalte jusqu’à l’esprit de sacrifice tous les sentimens les plus généreux !
L’Armée de l’Est et l’Armée de la Loire[1], relation anecdotique de la campagne de 1870-71, faite d’après de nombreux témoignages oculaires et documens, est une œuvre encore pleine de souvenirs héroïques, de pages réconfortantes au milieu de toutes les scènes les plus cruelles de l’Année terrible, et c’est un memento qui contribuera à fortifier les plus nobles pensées.
Quelle plus haute leçon pourrait-on imaginer que celle qui naît du rapprochement de ces grands exemples pris dans le triomphe ou dans la défaite, et, parmi les livres d’étrennes, s’il en est beaucoup de curieux, d’instructifs ou d’agréables, ceux-là seuls qui parlent aussi dignement de l’armée et de la marine suffiraient à justifier une aussi abondante production.
- ↑ L’Armée de l’Est et l’Armée de la Loire, par M. Grenest, illustré par M. Bombled, 1 vol. in-8o avec cartes et plans ; Garnier frères.