plus que d’un Crispi assagi, ami de la paix, rêvant de larges réductions dans les dépenses militaires, presque francophile. La solution du problème n’est cependant pas seulement dans la réduction des dépenses, elle est aussi dans l’établissement de nouveaux impôts. La population italienne est-elle en état de supporter un supplément de charges ? M. Crispi le suppose ; l’événement seul prouvera s’il voit juste. Le change a baissé ; c’est l’unique élément d’amélioration que présente jusqu’ici la situation économique de l’Italie.
L’Extérieure d’Espagne a été portée au-dessus de 63 ; ce fonds aura quelque peine à se maintenir à un tel prix, à moins que l’affaire de Melilla ne soit promptement réglée. L’entretien de 20 000 hommes sur la côte d’Afrique est en ce moment une charge écrasante pour le Trésor espagnol. Les hostilités sont suspendues, mais les négociations traînent en longueur. Aussi longtemps que cette source de dépenses n’aura pas disparu, il ne peut être question sérieusement de l’emprunt de 750 millions dont l’éventualité a hanté pendant cette quinzaine l’imagination des spéculateurs en fonds espagnols. La sympathie, platonique jusqu’à présent, que le gouvernement de Madrid a témoignée aux Compagnies de chemin de fer de la péninsule, a valu aux titres de ces dernières une très légère reprise. Ces entreprises sont menacées par la hausse du change, qui accroît leurs charges d’intérêt et oblige quelques-unes à songer à des mesures extraordinaires, comme la suspension de l’amortissement. Le meilleur remède serait une élévation des tarifs de transport ; mais une telle modification ne peut avoir lieu qu’avec l’assentiment du Trésor, qui cherchera à se faire payer son concours.
L’empire d’Allemagne est aux prises en ce moment avec de grosses difficultés financières. Depuis sa constitution, il y a moins d’un quart de siècle, les dépenses n’ont cessé d’augmenter malgré une gestion sobre et parcimonieuse. Jamais l’accroissement des recettes n’a pu suivre le mouvement d’expansion des dépenses ; dans les premières années l’indemnité de guerre payée par la France a comblé l’écart ; puis, cette source épuisée, les ministres des finances de l’empire ont eu recours à l’emprunt. La dette impériale s’élève aujourd’hui à 2 milliards de marks environ, dont les trois quarts, 1.500 millions, appartiennent à la dernière époque décadaire 1883-93, soit en moyenne 150 millions de marks par an. Cette dette comprend 450 millions de marks en 4 pour 100, 762 millions en 3 1/2, et 870 millions en 3 pour 100 ; ce ne sont assurément pas là des chiffres bien élevés, si on les compare à ceux qui représentent des dettes comme celles de la France, de la Grande-Bretagne et même de l’Italie. Cependant le 3 pour 100 allemand est coté bien au-dessous des fonds 3 pour 100 de tous ses voisins occidentaux ; il ne vaut en effet que 86, et l’écart considérable entre ce prix et celui qu’a atteint notre rente nationale, aujourd’hui presque au pair, a pour unique raison la différence fondamentale qui existe entre