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guerriers aux Kshalriyas, les Vâstriyas-Fshouyants ou chefs de famille, aux Vaïçyas, les Hûitis ou ouvriers manuels aux Çoûdras. La ressemblance générale est frappante ; elle rejette dans l’ombre quelques différences douteuses. Les Vaïçyas sont, dans la tradition brahmanique, réputés surtout agriculteurs et marchands ; mais justement la littérature bouddhique, en les appelant d’ordinaire grihapatis ou « maîtres de maison », les rapproche rigoureusement de l’interprétation donnée pour la catégorie iranienne. La classe des Hûitis n’est pas décrite avec une précision qui permette d’instituer avec les Çoûdras des comparaisons décisives ; la façon même dont elle est, comme souvent celle des Çoûdras, laissée de côté, isolée par conséquent des trois premières, crée entre les deux, toutes deux présentées comme des classes religieusement et socialement inférieures, un lien de plus et non des moins forts. De part et d’autre, l’entrée définitive de l’individu dans la communauté des classes supérieures est marquée par une cérémonie identique, par l’investiture du cordon sacré. La correspondance est donc parfaite.

Ce qui a été contesté et contesté très justement, c’est que les pishtras de l’Iran aient constitué des castes, Quant à décider s’il n’a pas existé dans l’Iran des germes d’où la caste aurait pu sortir, les germes d’où elle est sortie dans l’Inde, c’est une autre affaire. En tous cas, les quatre pishtras de l’Avesta ne représentent que des classes. Il n’en est pas autrement, à l’origine, de la quadruple division hindoue. Si de part et d’autre le sectionnement concorde, c’est qu’il remonte à une date reculée ; si les castes se sont développées dans l’Inde seule, c’est qu’il n’est point lié de sa nature et indissolublement avec le régime des castes.

Je sais qu’on cherche à accommoder les choses ; on admet que l’émiettement actuel résulte de la désorganisation lente d’une stricte unité primitive. Les impossibilités sautent aux yeux. C’est du reste un point où je dois revenir en énumérant les systèmes divers par lesquels on a cherché à rendre compte des origines. Quant à présent, je me confine dans les élémens d’information que fournit la tradition littéraire. Il nous faut sonder les indices que, dans ses monumens les plus anciens, elle livre à notre critique.


III

Les quatre castes ne sont pas, je viens de l’indiquer, dans les sources hindoues, simplement coordonnées. Elles se résolvent en deux groupes : l’un est composé des trois plus hautes, l’autre comprend la quatrième seule. Le premier embrasse les dryas