rattachent l’apparition soit aux âges successifs du monde, soit aux inclinations natives des hommes, n’ont pas plus d’autorité, ni de fixité que telle fiction accidentelle qui, dans la vie future, réserve à chaque caste un ciel particulier. Toutes ces explications sont scolastiques et tardives ; le système des quatre castes fondamentales les inspire, comme il pénètre la tradition tout entière.
J’ai parlé en passant de ces conflits souvent violens qui en cent endroits s’élèvent entre castes voisines. Ils s’allument sur quelque privilège très spécial qu’une caste ne peut souffrir de se voir contester. Ils ne supportent, ni par la nature, ni par l’importance des mobiles, aucune comparaison avec ces luttes de classes pour la domination, qui ont dû se produire entre prêtres et nobles dans le passé.
Que la limite des prérogatives, que la balance des attributions entre la classe sacerdotale et la classe noble n’aient point eu, en fait, et dès le début, la stabilité ni la précision que leur attribuent les textes dogmatiques, c’est ce dont nous ne pouvons douter a priori. Nous savons ce que la rigueur des règles masque de flottement dans la pratique. Quelque soin que mît la classe sacerdotale à se réserver le privilège des œuvres rituelles et des études sacrées. Ce privilège soutirait, surtout dans la période ancienne, bien des exceptions. Admis à la communication de l’enseignement religieux, les chefs devaient dans plus d’un cas, en dépit des prétentions contraires, s’en faire à leur tour les instituteurs. Nombre de chants védiques sont attribués à des kshatriyas, voire à des vaïçyas. Si les hymnes mêmes recommandent aux chefs avec tant d’insistance d’avoir près d’eux un prêtre de profession, un pourohita, c’est peut-être qu’ils s’affranchissaient souvent de ce devoir. Dans plusieurs cas, des tils de nobles remplissent cette fonction. La littérature sacerdotale témoigne de la science éminente de certains rois ; ils en remontrent aux brâhmanes mêmes. Les livres qui représentent la théorie brahmanique dans son complet épanouissement prévoient encore le cas, à vrai dire exceptionnel, où un brahmane peut accepter pour maître un kshatriya ou un vaïçya.
Ne rencontrons-nous pas aussi des femmes, de race brahmanique ou royale, dont les noms perpétués par la légende sont restés attachés au souvenir d’un vaste savoir théologique et d’argumentations victorieuses ? Il y a même un cas où le Brâhmana, après avoir exalté la science d’un roi, Janaka, du Videha, semble, en manière de conclusion, assurer qu’il devint brahmane. C’est la légende de Viçvàmitra qui fournit l’exemple le plus fameux d’une promotion de ce genre. Les hymnes védiques indiquent