redemanderait son « fissse ». Ce mélange de Bouddha, de Marie-Madeleine et de la Tosca forme un amalgame qui ne manque pas d’être assez plaisant. Les auteurs, qui sont poètes, ont revêtu le tout d’un style flottant et mou et d’une sorte de pathos fleuri. Ils ont répandu les fleurs et prodigué les roses. Ombre de mysticisme, apparence de drame, illusion de poésie, tout n’est ici qu’apparence et qu’illusion ; et c’est en quoi consiste le bouddhisme d’Izéyl. Mme Sarah Bernhardt est très belle d’attitudes et par momens nous fait souvenir de la grande artiste qu’elle fut autrefois. M. Guitry est lourd. M. de Max est bien amusant dans le rôle du yoghi, terme qui veut dire « un agité. » — La forme dramatique se prête-t-elle d’ailleurs à l’expression des idées abstraites de philosophie et de religion ? M. Maurice Bouchor le croyait possible, pourvu que les acteurs du drame ne fussent point des personnes de chair. Et donc, s’enhardissant après ses Tobie et ses Noël, il avait confié à ses marionnettes l’interprétation d’un poème tout chargé de réflexion : les Mystères d’Eleusis. Mais les marionnettes trouvèrent que cette fois il avait dépassé la mesure et trop présumé de leurs moyens. Elles ont demandé leur congé. Au moins ne les laisserons-nous pas partir sans leur adresser un mot d’adieu et sans exprimer toute notre sympathie au poète charmant et pur qui leur servit d’imprésario.
RENE DOUMIC.