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quartiers d’aujourd’hui ; et ce ne serait plus alors une moyenne de 130 francs le mètre carré que nous trouverions, mais un chiffre trois, quatre ou cinq fois plus haut ; puisque le prix des terrains du Paris actuel, qui descend jusqu’à 4 ou 5 francs dans les huit arrondissemens de la banlieue d’hier, réunis on 1860, s’élève jusqu’à 1600 francs le long des voies commerçantes du centre.

Les prix de maisons que j’ai notés, et qui naturellement sont tirés de quartiers déjà bâtis au moyen âge, accusent d’ailleurs de moindres différences avec le prix des maisons présentes, comme on le verra plus loin : la hausse des maisons n’est que de 1 à 150, depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours, dans les dix plus anciens arrondissemens, au lieu d’être de 1 à 2 000 comme pour les terrains de l’ensemble du Paris actuel.

Sur la rive droite, un hectare est vendu, en 1212, auprès du Louvre, par conséquent hors les murs, sur le pied de 9 centimes le mètre ; sur la rive gauche, près l’église Notre-Dame-des-Champs, le mètre vaut 22 centimes en 1230, 10 centimes au faubourg Saint-Marcel on 1250, 3 centimes en 1254 vers la rue de l’Ancienne-Comédie et seulement 1 centime et demi près la rue de Vaugirard. Ainsi qu’on le constate pour la totalité du territoire français, c’est à la fin du règne de saint Louis et au commencement de celui de Philippe le Bel que se rencontrent, durant le moyen âge, les plus hauts prix de terrain du Paris futur. La moyenne de 1251 à 1300 ressort à 717 francs l’hectare ; celle du XIVe siècle, pour des emplacemens à peu près identiques, descendit à 328 francs, et celle du XVe à 244 francs.

Le mètre carré valait 1 centime, en 1303, entre le Châtelet et les Tuileries, et un quart de centime au faubourg Saint-Honoré (village du Roule) en 1309. En 1370 on pouvait acheter de la terre pour 4 centimes le mètre au faubourg Montmartre, et pour 6 centimes en 1399 sur le boulevard des Italiens. Du premier arrondissement au vingtième, il n’y avait pas beaucoup d’écart ; cependant le terrain d’une maison de la rue de la Parcheminerie coûtait, en 1422, 200 francs.

Sous Charles VII, on trouvait preneur pour 6 centimes le mètre au faubourg Saint-Marcel ou à la Courtille, pour 5 centimes à la rue de Hennés, pour 4 centimes dans le quartier de la Madeleine ; on n’atteignait pas plus de 3 centimes entre les rues de Sèvres et de Grenelle, plus de 2 centimes dans la rue Saint-Lazare et plus d’un centime aux environs du Luxembourg. Dans le premier quart du XVIe siècle, les terrains se maintiennent au même taux ; même ils paraissent baisser sous Louis XII. L’hectare parisien qui, de 182 francs en 1451-1475, était remonté à 315 francs