Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 122.djvu/608

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE CHANGE Le change, dans son acception la plus vaste, est une opération par laquelle un débiteur se procure le moyen de payer son créan- cier en un lieu autre que celui où il réside, c’est-à-dire trans- forme la monnaie d’un certain lieu en monnaie d’un autre lieu. Il peut donc y avoir change à l’intérieur d’un même pays, lorsque, par exemple, un négociant de Paris a une somme à payer, soit, en termes techniques, une remise à faire à un marchand de Mar- seille, ou inversement. Selon que la masse des créances de Paris sur Marseille dépassera celle des créances de Marseille sur Paris ou lui sera inférieure, le change sur Marseille sera offert ou de- mandé à Paris. Cette question du change intérieur n’a plus d’im- portance dans des pays aussi avancés en matière économique que la France et l’Angleterre, où les moyens de transport de la mon- naie ou de virement sont perfectionnés au point de ne plus occa- sionner de frais appréciables. Ailleurs, au contraire, elle joue un rôle : en Espagne, les cotes nous indiquent tous les jours que le change entre Madrid et les autres villes du royaume est à 1/8, 1/4, 1/2 pour 100, ou même davantage de perte ou de bénéfice. Il est nécessaire de placer cette considération au début de notre étude, parce qu’elle explique l’origine des mouvemens du change, qui ne résultent pas seulement des différences de monnaies, mais des transports de créances ou de dettes d’un point à un autre. Tou- tefois, ce change intérieur n’entre pour rien dans les perturbations économiques contemporaines dont l’étude nous occupe aujour-