fondations de ces maisons monstrueuses. Dans le principe on les établissait sur un lit de béton surmonté d’une série d’assises de pierre qui’ s’étageaient en retraite comme les marches d’un escalier jusqu’à la rencontre du niveau inférieur du sous-sol. Souvent ces assises, au nombre de six ou sept, et de vingt-huit à trente centimètres, sont faites en granit, et sur elles reposent les murs et les piliers, si l’on construit en maçonnerie et fer, les piliers seuls, si l’on construit en fer ou en acier seulement. Les fondations forment ainsi un massif compact et épais qui repose lui-même sur un sol peu solide. C’est en quelque sorte une roche factice à la place d’une roche naturelle qu’on aurait eu peine à rencontrer surtout à Chicago.
Cette ville, on le sait, a été bâtie dans une situation excellente pour constituer l’entrepôt du commerce entre l’est et l’ouest aussi bien que le centre de la production agricole des anciennes prairies, transformées en cultures d’une fertilité jusqu’à présent inépuisable ; mais le sol sur lequel elle est assise, la rive sud du lac Michigan et les bords de la rivière, est formé de dépôts de sables et d’argile. Il fallait bâtir sur des terrains fuyans. A New-York les conditions n’étaient guère meilleures. Malgré cela les fondations massives ne paraissent pas avoir beaucoup souffert de la compression exercée sur elles. Il a été seulement observé qu’en bien des points, ces blocs s’étaient rompus, peut-être sous l’effort d’une charge inégale, peut-être par la rencontre de terrains inégalement compressibles. Quelles que furent d’ailleurs les causes des accidens, ils amenèrent les constructeurs à constater que les terres mouillées, loin de glisser sous la pression, s’étaient asséchées. Cette observation les conduisit à abandonner le système de fondation par grands massifs d’une étendue, à leur sommet, égale à faire du terrain à couvrir. Ils se bornèrent à établir des fondemens isolés pour chaque support, sans plus les relier entre eux. Ils devançaient ainsi la dislocation qui devait nécessairement se produire sans négliger certainement d’augmenter dans une proportion notable la solidité des points d’appui. La résistance était augmentée sans que s’accrût la dépense. Au lieu d’entasser les unes sur les autres jusqu’à sept assises de granit sur béton, ce qui les obligeait à des fouilles jusque sous la chaussée des rues, les habiles et savans architectes de l’Amérique du Nord imaginèrent de monter leurs piliers portans sur des réseaux en fer posés sur béton, espèces de radeaux formés de fers à T ou de rails croisés, recroisés et boulonnés pour éviter l’écartement. Par l’emploi de ce système, ils n’étaient plus obligés de descendre jusqu’à trois mètres au-dessous du carreau des caves pour chercher leur point d’appui ; il leur suffisait de fouiller à un mètre