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Les chevaux qui se montrent superbes et orgueilleux, impatiens des éperons ou qui ont pris l’habitude de se défendre, doivent être trottes et galopes en cercle dans un champ, et on leur fera sentir les éperons fréquemment jusqu’à ce qu’ils soient en sueur et devenus insensibles à la douleur ; alors ils vous obéiront et feront ce que vous voudrez et se corrigeront de leurs vices, surtout si après vous les caressez.

Ensuite vous irez et viendrez de droit en droit en voilant à chaque bout ; vous arrêterez le cheval et lui ferez faire tout doucement environ quatre petits pas en arrière, puis le reporterez en avant et le caresserez.

Puis vous l’habituerez à parer[1] au trot et au galop et à faire la pesade[2]. S’il ne la fait bien, vous le châtierez avec les éperons et la baguette et recommencerez.

Outre les voltes et les ronds, il sera bon tous les matins d’exercer le cheval à monter et descendre de longues côtes, soit sur les chemins, soit dans les terres labourées.

Parce qu’il se trouvera des chevaux tenant toujours le mufle et le col de travers, il sera bon pour quelques jours, du côté duquel il sera dur, de lui attacher un bout de lanière ou courroie au mors ou à la muserolle et l’autre bout à la sursangle, toutefois un cavalier fondé en bonne doctrine lui ôtera, sans tout cela, ce vice et tout autre avec les ordonnances et les règles et les bons discours du maître qui l’enseigne.

F. Grison veut que le cheval ait l’encolure courbée, le mufle rapproché du poitrail : « Et n’en desplaise aux ieunes et modernes qui ont soustenu le contraire : car plus un cheval porte sa teste libre, estendant le mufle en avant et alongeant le nez, tant plus ira-il avec l’eschine abandonnée et lasche, tellement que le plus souvent il fera le maniement despiteux, couché et large et sans ordre aucun et plus aisément perdra l’haleine ; mais quand il portera le mufle plus retiré dessous vers la poictrine et plus fort il s’embridera pour aller férir du front, tant plus d’heure à autre se renforcera-il d’eschine, dont encore lui viendra plus grande légèreté et plus prompte adresse et plus grande force aux reins et facilité plus grande à se manier. » Il y a dans ce passage de grosses exagérations, mais on y voit l’ébauche du principe de la « mise en main » qui consiste à donner à la tête et à l’encolure la position qui convient aux mouvemens qu’on veut exécuter. Quand les allures sont très rapides, comme dans nos courses d’aujourd’hui, le cheval doit « étendre le mufle en avant et allonger le nez » ; aux allures modérées, le nez

  1. Arrêter court.
  2. Air de manège dans lequel le cheval lève l’avant-main en tenant les pieds de derrière fixés à terre.