Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 122.djvu/920

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tonkin : des questions, en apparence très nettement commerciales, telles que la création de consulats, l’établissement des nationaux respectifs, le commerce de l’opium ou celui du sel, sont, au fond, des questions politiques. Vous négociez, sur la côte occidentale d’Afrique, un traité de délimitation ; cette question, qui paraît purement politique, se compliquera, n’en doutez pas, d’une question commerciale : l’interdiction de droits différentiels dans les colonies contiguës. La Côte d’Ivoire en sait quelque chose, et aussi les commerçans qui s’y sont ruinés.

La spécialisation des fonctionnaires au ministère des Colonies doit donc, si l’on peut ainsi parler, être une spécialisation d’ordre géographique. Elle n’a que des avantages : il importe fort peu que celui qui dirige les affaires d’Asie soit ou non instruit, dans le détail, des affaires d’Afrique : les deux genres d’affaires sont indépendans. Mais il est indispensable que les affaires d’un même groupe de colonies soient toutes centralisées dans les mêmes mains, parce qu’affaires politiques, affaires commerciales, affaires indigènes, s’enchevêtrent les unes dans les autres et qu’à les traiter isolément on s’expose aux pires erreurs.

Il y a, au contraire, des services qui, reliés, d’ailleurs, à chaque division géographique, pourraient embrasser toute l’étendue de notre empire colonial : le service de l’inspection et de la comptabilité, le service de la Justice, le service des douanes, (sauf l’établissement des tarifs douaniers), le service de l’instruction publique, le service des travaux publics, le service du « recrutement des fonctionnaires coloniaux », et aussi le service des renseignemens et informations.

Ces deux derniers services n’existent pas jusqu’ici et seraient à créer. Nous avons déjà parlé du premier ; il reste à parler du second.


Le service des renseignemens ne serait pas une chose absolument nouvelle. M. Delcassé en avait posé les bases ; le temps ne lui a pas permis de le consolider et de l’étendre. Au premier ministre des Colonies revient la tâche de le fonder définitivement.

Trois catégories de personnes (sans parler des candidats-fonctionnaires) en peuvent retirer une grande utilité : les commerçans, les émigrans, les hommes d’Etat.

Nous ne croyons pas qu’il faille attendre le développement du commerce des renseignemens que lui fournira le gouvernement sur ce qui se produit et se consomme aux colonies. Il convient assurément de ne dédaigner ni les musées commerciaux, ni les expositions de produits coloniaux, ni les envois d’échantillons