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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 123.djvu/102

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LES THÉORIES DE L’OPTIQUE





I


Si l’on excepte l’astronomie, si l’on excepte également l’hydrostatique et les principes généraux de la statique, l’histoire des sciences physiques dans l’antiquité et au moyen âge ne nous offre guère que des faits incohérens ou mal observés, des anecdotes d’une authenticité douteuse, parfois une vérité entrevue par un homme de génie et aussitôt méconnue par ses disciples. Celui qui aime les choses anciennes parce qu’elles sont vieilles pourra satisfaire sa curiosité en recherchant ce que les Égyptiens ou les Grecs pensaient du mercure ou de l’aimant ; mais l’homme de science ne trouvera pas, dans la marche de leurs doctrines, d’évolution continue, d’enchaînement logique ; or, c’est cette évolution, c’est cet enchaînement, qui nous intéressent dans l’histoire de la physique ; ils nous révèlent, en effet, les lois suivant lesquelles se développe notre connaissance du monde extérieur ; ils établissent la genèse des hypothèses communément admises, et, par là, nous permettent de peser l’exacte valeur des théories qui ont aujourd’hui notre confiance, de supputer les chances qu’elles ont de durer.

L’histoire de la physique, écrite à l’usage du physicien, commencerait avec l’adolescence du monde moderne, au moment où la Renaissance finit, où le siècle de Louis XIV va naître ; à ce moment, on voit les idées scientifiques sourdre de tous côtés, comme mille ruisselets, se rejoindre, se mêler et former enfin le