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par les questions africaines. Les rapports des voyageurs sur la traite des nègres et les actes barbares qui l’accompagnaient, suscitaient une émotion générale. Le roi des Belges, Léopold II, agissant, non en sa qualité de souverain, mais de son initiative privée, convoqua à Bruxelles, dans son palais, le 12 septembre 1876, des géographes, des explorateurs, des hommes d’État, pour échanger en commun des vues sur les questions africaines. Cette réunion portait le titre modeste de Conférence géographique.

L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Russie étaient représentées par un ou plusieurs délégués. Dans l’allocution qu’il prononça en recevant ses hôtes, le roi Léopold II disait : « Je me suis laissé aller à croire qu’il pourrait entrer dans vos convenances de venir discuter et préciser en commun, avec l’autorité qui vous appartient, les voies à suivre, les moyens à employer pour planter définitivement l’étendard de la civilisation sur le sol de l’Afrique. » Des conversations qui se tinrent le 12, le 13, le 14 septembre 1876 au palais de Bruxelles, sortit l’Association internationale africaine. L’objet en était « d’explorer scientifiquement les parties inconnues de l’Afrique, de faciliter l’ouverture de voies qui fassent pénétrer la civilisation dans l’intérieur du continent africain et de rechercher les moyens d’abolir l’esclavage en Afrique. » Pour réaliser ces pensées généreuses, l’Association avait l’intention d’envoyer des explorateurs et de créer, sur la côte et dans l’intérieur du continent, un certain nombre de stations scientifiques, hospitalières et civilisatrices, dont le chef serait un savant. Le roi Léopold II fut nommé président.

Aussitôt, on se mit à l’œuvre. L’Association s’était proposé un domaine d’action immense. Il comprenait toute l’Afrique tropicale, depuis le cours du Zambèze jusqu’au Soudan égyptien. Ses intentions étant surtout anti-esclavagistes, et les chasseurs d’esclaves exerçant principalement leurs ravages dans le Zanguebar, on résolut de porter les premiers efforts vers cette partie de l’Afrique. En octobre 1877, une expédition, commandée par le capitaine Crespel, avec MM. Gambier et Maes pour lieutenans, partait pour Zanzibar.

Les entreprises de l’Association internationale africaine ne réussirent pas. Des stations multiples qu’on avait projetées, deux seulement furent construites : Karema, sur le lac Tangunyika, et Tabora. Les explorateurs avaient été décimés par la mort. Mais une cause plus générale explique l’échec de l’Association.

En janvier 1878, Stanley rentrait en Europe après avoir accompli