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qui a utilisé les plus récentes découvertes de la linguistique pour reprendre l’étude de toute la série des légendes traitées par Wagner. M. Gaston Paris et M. Lichtenberger ont déjà d’ailleurs signalé aux savans français les travaux de M. Golther. — Un fait intéressant à noter, c’est qu’on commence à faire des cours sur le wagnérisme dans les universités allemandes : M. Thode fut des premiers qui choisirent ce sujet ; Henri de Stein avait commencé une série de conférences wagnériennes à l’Université de Berlin, lorsque survint sa mort ; M. Muncker a aussi traité du wagnérisme à l’Université de Munich, etc. Enfin, dans son grand ouvrage classique sur l’histoire de la musique aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, M. Wilhelm Langhans n’a pas hésité à donner à Wagner la place la plus importante de toutes.

Pour le lecteur qui voudrait une énumération plus complète que je ne puis la donner ici, je le prierai de se reporter à une brochure que M. Arthur Seidl a publiée en 1892 sous le titre : Wagner a-t-il laissé une école ? et où il fait pour ainsi dire le dénombrement de tous les écrivains qu’on peut considérer comme appartenant à « l’école wagnérienne ». Je ne citerai plus que la petite biographie populaire de Wagner due à Ludwig Nohl, et celle de M. Tappert, qui nous donne de curieux détails sur l’accueil fait à Wagner par les journaux de la première période. On pense bien qu’il en existe encore nombre d’autres, mais le meilleur mérite qu’on puisse trouver à la plupart d’entre elles, c’est d’être des réductions du livre de M. Glasenapp, car après lui il ne restait plus rien à dire, à moins de se mettre à faire œuvre de pure imagination, et c’est devant quoi n’a pas reculé M. Præger, par exemple, dans son livre : Wagner tel que je l’ai connu, publié à la fois par l’auteur en anglais et en allemand, et où, sans doute pour peindre un Wagner un peu nouveau, non seulement bien des faits sont erronés, mais encore les textes eux-mêmes — des lettres de Wagner — sont complètement dénaturés, comme la Revue de Bayreuth a pu en faire la preuve.

Parmi les innombrables Curiosa qui peuvent et doivent se rattacher à la littérature wagnérienne, mais que j’ai dû prendre le parti de négliger complètement, peut-être faut-il au moins signaler un livre de M. Théodore ; Schmid, de la compagnie de Jésus, intitulé : L’art de l’avenir, et son maître Richard Wagner. C’est un examen de l’œuvre de Wagner, fait « du point de vue de l’église catholique, » comme le dit l’auteur. M. Schmid admire Wagner comme artiste et reconnaît aussi toute l’importance que sa conception de l’art peut avoir pour l’humanité ; mais justement à cause de cela il n’hésite pas à le condamner sans rémission.