traité conclu précédemment entre Stetten et le sultan d’Yola. La situation politique dans l’Adamaoua tournait ainsi à l’imbroglio ; l’autorité du sultan d’Yola était tour à tour invoquée pour justifier les prétentions les plus opposées ; les relations étaient des plus tendues entre explorateurs et, en attendant qu’un peu de lumière fût apporté sur la valeur de tous ces traités, un conflit qui eût pu avoir les plus graves conséquences était à chaque instant à redouter.
Jusqu’à ces derniers événemens, la Compagnie du Niger et la colonie du Cameroun n’avaient pas vécu dans des rapports d’excellent voisinage. Leur limite commune, constituée par le Rio-del-Rey jusqu’à Yola, était extrêmement vague et avait donné lieu à des complications irritantes entre la Compagnie du Niger et le protectorat anglais des Oil-Rivers d’une part et le Cameroun de l’autre. Anglais et Allemands se considéraient d’ailleurs volontiers sur le terrain commercial comme des concurrens dont le plus fort devait éliminer le plus faible ; les uns et les autres avaient aussi des visées politiques tout opposées. C’est avec intention des deux côtés que la ligne de démarcation de leurs possessions respectives n’avait pas été poussée au-delà d’Yola. Entre ce point et le lac Tchad, les Anglais espéraient se glisser, et par cette bande étroite joindre leurs possessions du Soudan central à celles du Soudan égyptien, et constituer ainsi de la côte à la contre-côte africaine un empire qui eût embrassé l’Afrique dans toute sa largeur. Les Allemands, de leur côté, entendaient bien prolonger leur colonie jusqu’au Tchad et occuper le plus possible d’espace au nord-ouest d’Yola et vers le Bornou. Des pourparlers pour donner une frontière définitive à leurs possessions avaient été engagés, mais n’avaient pu aboutir. Ni les uns ni les autres n’avaient voulu démordre de leurs prétentions, et la situation eût pu se prolonger indéfiniment avec ce caractère d’indécision, si les efforts que faisaient les Français pour prendre pied en arrière de leurs sphères d’influence réciproques ne les eussent obligés de se rapprocher. Devant le danger qui les menaçait, l’Angleterre et l’Allemagne crurent qu’il était devenu urgent pour elles de s’entendre sur un terrain de conciliation : elles se tirent des concessions réciproques pour avoir toute liberté de surveiller l’ennemi commun. Le premier résultat de cette entente fut les bons services rendus à la mission von Uchtritz par la Compagnie du Niger, qui transporta le personnel et le matériel de