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le trouver les protestations de ses admirateurs, — presque tous ecclésiastiques, — et des offres de concours, où il devait pourtant discerner les premiers indices d’une autorité naissante.

Ce sont, d’abord, des lettres de Duvergier de Hauranne, qui, dans un style où le monde et la théologie se confondent, lui écrit : « Je vous prie bien humblement. Monsieur, de croire que je n’ay point de plus grand dessein que de vous faire paroître que je participe autant de l’immobilité des anges en la volonté que j’ay de vous servir, que je confesse avoir un esprit subordonné au vôtre… » C’est ensuite le propre frère de Richelieu, Alphonse, qui, d’un ton un peu maussade, se joint au concert : « Un de vos amis m’a fait voir la harangue qu’avez faite à la clôture des États. Je loue Notre-Seigneur qu’elle vous ait réussi à votre contentement, ayant été assuré qu’elle a été fort agréée d’un chacun. » C’est l’évêque de Nantes, qui, venu à Paris pour prendre part aux travaux de l’assemblée du clergé, soumet avec empressement à son collègue les résolutions vigoureuses prises par un grand nombre d’évêques sur une matière des plus importantes, et qui avait été traitée dans le discours prononcé devant les États : la réception en France du concile de Trente : « Nous ne faisons, dit l’évêque, que suivre en tout la trace de l’assemblée des États… Nous avons fait résoudre entre nous qu’au cas que le roi nous refusât la publication du concile sur laquelle nous insistons, nous la ferions en nos conciles provinciaux et tâcherions de la faire observer en nos diocèses. Mais il s’y trouve bien des difficultés… Je vous écrirai par le menu, tout le progrès qu’aura pu faire cette affaire, la plus grande et la plus importante qui soit pour le rétablissement de la gloire de Dieu en ce royaume. » Dans cette même lettre, l’évêque de Nantes témoigne à celui auquel il rend compte « du désir qu’a toute la compagnie de vous gratifier et testifier l’estime qu’elle fait de vos actions. » — « M. de Bourgueil et moi, ajoute-t-il, nous sommes vos petits disciples. » Et enfin, il fait l’allusion la plus délicate à l’intimité qui lie l’évêque d’Orléans, L’Aubespine, à l’évêque de Luçon. Nous allons voir comment celui-ci en usait avec cette amitié.

Vers cette même époque, en effet, il recevait une lettre qui émanait encore d’un ecclésiastique, mais qui devait avoir, pour lui, une tout autre saveur. Le signataire était Bertrand d’Eschaux, évêque de Bayonne. Il avait avec lui des relations déjà anciennes. Très lié avec Duvergier de Hauranne, avec Jansenius, avec La Rocheposay, Bertrand d’Eschaux appartenait à cette étroite intimité des amis de la première heure que nous avons vus se grouper autour des deux évêques de Poitiers et de Luçon. Il avait un pied à la cour. Béarnais, de très bonne souche, il était aumônier du