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études excellentes sur la matière, d’abord Une forge de M. Cormon, un des morceaux de peinture les plus libres et les plus aisés qu’ait brossés cet artiste habile et varié, puis, l’Apprenti forgeron, de M. Marec, qui nous fait regretter de ne pas voir cet observateur pénétrant exposer d’œuvre plus importante. Toutefois, le Forgeant une ancre de M. Forbes, par la vigueur et le caractère autant que par la dimension des figures, tient la corde dans ce steeple-chase. Sur un champ d’observation plus aimable, en regardant travailler, à Séville, dans leur atelier ensoleillé, les compagnes débraillées et coquettes de Carmen, Las Cigarreras, M. Walter Gay, de Boston, a peint une toile vive et claire, d’un charme réel dans son aspect souple et facile.

La vie religieuse, la vie scolaire, la vie enfantine, fournissent mille thèmes communs, qui ne prennent une valeur qu’entre les mains d’artistes habiles. Comme d’habitude, les communiantes, dont l’ajustement des fraîches mousselines, se combinant avec la jeunesse des visages prête à des études infinies de blancheurs, se présentent en grand nombre. Celles que M. Triquet nous montre, deux à deux, passant, cierges en main, sous la conduite d’une religieuse, dans le bas-côté d’une église, sont de beaucoup les plus charmantes. Le tableau s’intitule le Printemps, et ne ment pas à son titre. La fraîcheur n’y brille pas seulement sur les visages roses et chastes, elle n’y éclate pas seulement dans la finesse légère des mousselines flottantes, elle y resplendit encore dans la vivacité douce et allègre de la lumière matinale qui tombe, en rayures vibrantes, à travers les arcades de pierre et qui joue, avec liberté et grâce, parmi toutes ces blancheurs. L’exécution est un peu mince encore, avec des tendances vaporeuses ; mais c’est bien vu, et sincèrement rendu. Une étude lumineuse, du même genre (lueurs matinales et lueurs de cierges), en même temps qu’une disposition architecturale, pittoresque et imprévue, d’escalier montant dans une tourelle ajourée, arrête les yeux sur les Matines de M. Émile Renard ; ici, ce sont, dans le milieu éclairé, des taches noires (les robes des sœurs) au lieu de taches blanches (les robes des communiantes) qui donnent la note principale. Les religieuses de M. Renard marchent avec recueillement ; ce sont, de toute évidence, de bonnes et saintes créatures ; néanmoins, le peintre aurait pu, sans inconvénient, définir avec plus d’accent leur caractère et leur physionomie.

Avec M. Joannon qui nous montre une religieuse prudente arrêtant. Au tournant de la route, qu’une diligence descend au galop, sa petite bande de fillettes, nous entrons dans la peinture scolaire. Les anecdotes de ce genre, fort nombreuses.