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telles sont les conditions nécessaires à une bonne installation.

Nous avons, à l’École de Grignon, la prétention justifiée, je crois, de très bien fabriquer le fumier ; nous n’avons rien changé aux dispositions prises, il y a plus de soixante ans, par le fondateur de l’Ecole, Auguste Bella, et nous nous en trouvons bien. La plate-forme est placée au milieu d’une cour limitée par les étables, les écuries et les bergeries ; tous ces bâtimens sont munis de ruisseaux qui communiquent par des caniveaux souterrains avec le trou à purin : les liquides sont donc entièrement recueillis. Quant aux litières, elles sont conduites à la plate-forme et étalées régulièrement ; sur l’un des côtés, on dispose le fumier en plan incliné garni de planches pour faciliter le passage des brouettes. Les garçons de cour égalisent à la fourche le fumier qui vient d’être amené, de façon que la surface soit horizontale ; en outre ils tordent sur les parois les litières, de telle sorte que la masse présente sur trois faces une paroi parfaitement verticale ; quand la hauteur du tas atteint 3 mètres on commence à garnir une seconde plate-forme.

L’exploration du tas de fumier à l’aide d’un thermomètre est fort curieuse. À 1 mètre du sol environ ruisselle un liquide noir ; il se fige par places en stalactites qui recouvrent les pailles d’un mince enduit : à cette hauteur, le thermomètre ne marque guère que 25 ou 30° ; un peu plus haut, à 1m, 50 environ, la température s’élève déjà de 40 à 50°, et à 2 mètres de hauteur, plus près par conséquent de la surface supérieure, le thermomètre monte souvent à 70°. C’est dans le fumier provenant des écuries qu’on observe les températures les plus élevées : on sait qu’en effet les maraîchers emploient exclusivement le fumier de cheval pour garnir les couches sur lesquelles ils cultivent les végétaux de primeurs.

Pour savoir à quelles causes il convient d’attribuer ces différences de température constatées à diverses hauteurs du tas de fumier, il faut déterminer la composition de l’atmosphère qui s’y trouve confinée : on y réussit en forant, à l’aide d’une tige de fer, des trous dans la masse ; on substitue ensuite sans difficulté à la tige métallique un tube de verre ; on le lie par des tubes de caoutchouc à deux flacons portant des tubulures inférieures reliées l’une à l’autre par de bons tubes de caoutchouc. Imaginons que le flacon, dont la tubulure supérieure est en relation avec le tube enfoncé dans le fumier, soit rempli de mercure, et que le second flacon que nous avons tenu jusqu’à présent plus élevé que le flacon à mercure soit vide : on conçoit sans peine que, si nous abaissons le flacon vide au-dessous du flacon à mercure, ce liquide va s’écouler, et déterminer un vide qui sera comblé par le gaz contenu