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LE
MOUVEMENT ÉCONOMIQUE


I

On entend rarement les commerçans se louer de l’activité des affaires, les industriels se réjouir de l’afflux des commandes, les agriculteurs exalter la qualité et l’abondance de leurs récoltes. Si l’on tient compte au contraire du nombre et de la variété des plaintes qui s’élèvent de tous les points de la France : qu’il s’agisse de l’encombrement des stocks invendus dans les celliers de nos viticulteurs ; ou de l’inertie de la spéculation qui laisse tomber à des cours de plus en plus bas céréales et farines ; ou de l’impossibilité où se trouvent nos métallurgistes de l’Est à lutter contre les conditions toujours plus dures de la concurrence étrangère, on est tenté de croire que la situation économique de notre pays va sans cesse empirant, et qu’il n’y a plus à imaginer quelles circonstances, quels reviremens imprévus de fortune, pourraient enrayer le mouvement continu vers la ruine agricole, commerciale et industrielle.

Une trop fréquente consultation des relevés et documens dont la statistique officielle est devenue si prodigue, ne peut qu’accentuer ces impressions pessimistes, auxquelles il convient de donner comme antidote une simple excursion à travers les publications analogues des pays étrangers. Partout, en effet, se trouvent constatés les mêmes phénomènes de surproduction, d’avilissement du prix des marchandises, de difficultés d’écoulement au dehors, de concurrence universelle ; et l’on en vient à estimer plus supportables les maux économiques dont souffre la France, en constatant qu’ils affligent en même temps, bien que dans des proportions variables, toutes les nations civilisées.