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Que le Congrès américain se décide enfin à voter le tarif depuis si longtemps en discussion, si faible que soit la diminution moyenne des droits (ceux-ci ne seront vraisemblablement abaissés dans l’ensemble que de 10 pour 100 sur le taux général du tarif Mac-Kinley qui est de 46 pour 100, et resteront ainsi supérieurs à ceux du précédent tarif), et l’on peut être assuré que de fortes expéditions de marchandises seront aussitôt effectuées pour l’Amérique.

D’où l’Angleterre reçoit-elle les produits qu’elle importe, et où dirige-t-elle les marchandises qu’elle exporte ? Les premiers lui viennent, pour 23 pour 100, de ses possessions, etpour77 pour 100, des pays étrangers ; elle envoie 30 pour 100 de ses marchandises à ses colonies et 70 pour 100 au reste du monde. Les proportions pour chaque pays sont les suivantes : 22 pour 100 des importations viennent des États-Unis, 10 de France, 7 1/2 de l’Inde, 7 de Hollande (commerce général), 6 1/2 d’Allemagne, 6 d’Australie, 5 de Russie, 4 de Belgique, 3 du Canada, 3 de l’Amérique du Sud et du Centre, 3 de l’Italie, 2 de la Turquie, etc. 12 pour 100 des exportations sont dirigés vers les États-Unis (en temps ordinaire), 10 vont à l’Australie, 14 à l’Inde, 9 à l’Amérique du Sud et du Centre, 7 à l’Allemagne, 6 1/2 à la France, 4 à la Hollande, 3 1/2 au Canada, 3 à la Belgique, 3 à l’Italie, 3 à la Turquie, 2 1/2 à la Chine, 2 à la Russie.

L’expansion du commerce britannique a été formidable depuis trente ans. Malgré les guerres, les crises commerciales et financières, les krachs résultant de l’abus du crédit et de la surproduction, malgré la baisse du métal blanc, les grèves et la hausse des salaires, les importations comme les exportations du Royaume-Uni ont plus que doublé dans l’espace d’une génération, et doublé de valeur, ce qui représente une proportion bien plus forte d’accroissement au point de vue du volume, les prix ayant constamment fléchi. On saisira bien, ce semble, la véritable portée de cette baisse des prix, en constatant que la valeur moyenne, par tonne, des exportations britanniques a fléchi, de 395 francs en 1860 à 235 francs en 1889, si l’on considère les exportations totales (c’est-à-dire comprenant les produits coloniaux et étrangers réexportés) ; et de 310 à 185 francs, si l’on s’arrête aux sorties des produits purement britanniques.

La flotte marchande anglaise en 1860 comptait un total de 4 586 000 tonnes ; le tonnage est aujourd’hui de 7 759 000 tonnes, dont 4 717 000 pour la navigation à vapeur. Le mouvement des ports du Royaume-Uni s’est chiffré en 1889 par 72 millions de tonnes (navires anglais et étrangers, chargés et sur lest) contre 25 millions en 1860.