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du déficit. Les États-Unis, on vient de le voir, sont engagés dans les inextricables questions du tari ! et de la circulation. Dans tous ces pays, d’énormes capitaux britanniques ont mis sur pied diverses entreprises ou souscrit des emprunts, auxquels se sont associés, dans une moindre part, des capitaux français. Naguère, c’est-à-dire avant 1890, les paiemens que ces nations avaient à effectuer à Londres et à Paris pour l’intérêt de leurs dettes, étaient compensés par de nouveaux emprunts. Le montant annuel dû chaque année pour l’intérêt s’accroissait ainsi à un taux composé, mais la nécessité de remises en or était évitée ; au surplus, une partie des sommes dues était toujours compensée en expéditions de marchandises.

Aujourd’hui ces pays n’empruntent plus. Ce n’est pas certes qu’ils n’en aient encore le désir, mais ils n’ont plus de crédit ; et les Australiens ne sont pas beaucoup mieux traités actuellement, à cet égard, par les capitalistes anglais, que les Brésiliens et les Argentins. Donc plus d’emplois de capitaux britanniques et français au dehors, plus de chemins de fer étrangers à construire, ou très peu (on s’intéresse en France depuis une année ou deux au développement des voies ferrées dans le vieil empire ottoman), plus d’entreprises exotiques. Alors s’est manifestée l’énormité de la dette de tous ces pays envers les banquiers de Londres et de Paris. Les remises succèdent aux remises, sans que les expéditions de marchandises puissent désormais fournir des compensations suffisantes, et c’est ainsi que l’or s’accumule à Londres, où le stock de la Banque d’Angleterre va atteindre un milliard de francs, et à Paris où il est bien près de 1 850 millions. Avec les stocks également accumulés à Saint-Pétersbourg, et à Berlin, on arrive à un total de o milliards d’or dont la concentration dans quatre caisses de l’Europe accuse l’affaiblissement prolongé de la confiance dans les relations commerciales et financières de toutes les nations du monde.


VII

Cet. état de détresse ou de dépression économique où sont depuis deux ou trois ans presque tous les pays neufs, — États-Unis, République Argentine, Brésil, Australie, — et aussi nombre de vieux pays, frappés de la maladie monétaire, explique la recrudescence que l’on constate dans le mouvement de baisse des prix de toutes les denrées de grande consommation, constituant la substance même du commerce international. Les Index Numbers, qui sont des quantités de convention, représentant les variations des