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insister, et qu’ils devraient opposer comme correctif aux lamentations excessives sur les difficultés de la situation présente, est l’importance du développement auquel l’activité agricole est encore réservée : « Dans l’industrie, dit M. Zolla, l’instrument, l’outil, la machine, jouent un rôle prépondérant. Rien de pareil, semble-t-il, en agriculture. La machine ne joue là qu’un rôle assez effacé. Les trois agens de transformation que l’homme utilise dans les campagnes sont : la terre, la plante et l’animal. Or les lois qui règlent les combinaisons chimiques dont le sol est le théâtre, celles qui décident de la vie des plantes ou du développement de l’animal, sont à peine entrevues depuis un demi-siècle. En développant notre pensée, nous pourrions montrer l’erreur de ceux qui voient dans l’agriculture une industrie sans avenir, et les raisons cachées de la lenteur avec laquelle s’est développée la production rurale dans les pays civilisés. Qu’on ne se hâte donc pas d’accuser d’inintelligence ou de routine la moitié de la population d’une nation. Les difficultés de la production agricole sont si grandes, et les mystères en sont si profonds, qu’on doit rester indulgent pour ceux qui avaient à triompher des unes et à pénétrer les autres. »

L’agriculture se perfectionnera sûrement par l’application de découvertes scientifiques nouvelles, dont la portée ne saurait être exactement limitée ; mais cette application n’est possible qu’à la condition d’être lucrative, ce qui explique qu’elle soit forcément lente et graduelle, les gains réalisés devant décider en dernier ressort du choix des systèmes de culture. Le total de 11 à 12 milliards, représentant, comme il a été dit ci-dessus, la production annuelle, est formé des élémens suivants : céréales, 3 500 millions de francs ; vins, 2 400 millions ; lait, 1 200 ; pommes de terre, 700 ; graines diverses, 675 ; fromages et beurres 430 ; œufs, 428 ; bois, 360 ; légumes de maraîchers, 350 ; cidre, 315 ; fruits, 280, etc. Dans cet ensemble, le produit des céréales n’occupe que le quart ; la seconde place dans la nomenclature appartient aux vins, et justement la viticulture, si on l’en croit elle-même, est encore dans une situation bien plus lamentable que sa sœur la culture des céréales. À celle-ci en effet, la Chambre et le gouvernement ont donné le droit de 7 francs : est-il vrai que l’on n’ait absolument rien fait pour celle-là ?


XI

La vérité est que l’on a tenté beaucoup et que l’on a peu réussi ; que le parti protectionniste a montré du bon vouloir, déployé