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Le congrès religieux de Chicago et la réunion des églises


The World’s Parliament of Religions, held in Chicago in connection with the Columbian Exposition of 1893 (11-27 sept.) by the Rev. John Henry Barrows ; 2 vol. in-8o ; Chicago, 1893.

Il y a dans les sociétés, comme chez les individus, un instinct de conservation qui les porte à s’unir, à serrer les rangs, quand elles se sentent menacées par un ennemi public et redoutable. Une voix secrète les avertit alors que ce qu’elles ont en commun importe plus que ce qui les sépare, et que la chose essentielle, après tout, n’est pas de faire ressortir leur propre et original caractère, mais de vivre ! C’est ce sûr instinct qui, au moyen âge, produisit le mouvement des croisades : on vit alors les peuples chrétiens de l’Europe faire trêve aux guerres féodales ou internationales, se lever en masse et s’unir à la voix des Pierre l’Ermite et des saint Bernard pour refouler les Sarrasins et reconquérir la Terre-Sainte. C’est au même instinct qu’obéirent les empereurs grecs quand, menacés par les Turcs, ils envoyèrent des députés aux papes Urbain V et Eugène IV, et que l’un d’entre eux vint même au Concile de Florence (1439) travailler à la réunion des Églises grecque et latine. De nos jours, les progrès du matérialisme et de l’irréligion qui ne reconnaissent ni Dieu ni maître, et le développement de leurs conséquences sociales, — le socialisme révolutionnaire et l’anarchie, — ont produit un effet semblable sur les différentes confessions chrétiennes. Elles sentent de plus en plus clairement qu’elles ont mieux à faire que de chercher à se convertir ou à s’exterminer, par la controverse ou la persécution ;