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communes : l’une morale et sociale, l’autre religieuse et liturgique.

1o Les ministres de toutes les confessions ont reconnu d’un commun accord l’existence du péché, ses conséquences funestes, et la réalité de la délivrance apportée par le Christ.

« S’il y a une chose certaine, a dit le pasteur J. Cook (de Boston), c’est que l’âme, en proie aux mauvais penchans, ne saurait trouver la paix. Il faut, pour qu’elle entre au royaume du ciel, c’est-à-dire pour qu’elle devienne heureuse, qu’elle soit délivrée du péché et du désir du péché. »

Et le Père Elliot, de l’ordre des Paulistes de New-York, a ajouté, du point de vue catholique :

« Il y a un malheur plus grand que d’ignorer son péché, c’est de perdre conscience de la dignité humaine. Je ne puis croire que l’homme soit radicalement dépravé. Si j’avais à choisir entre te pélagianisme et la prédestination, c’est pour le premier que j’opterais. Mais, grâce à Dieu ! ni l’un ni l’autre n’ont raison. La vérité, c’est que nous avons tous péché et que la vie et la lumière nous ont été communiquées en Jésus-Christ pour notre salut. »

Le péché n’a pas seulement des effets funestes sur les individus ; il est la cause première de toutes les misères sociales : l’alcoolisme, la pauvreté, la prostitution, la guerre. Voilà les géans du mal, contre lesquels les Églises devraient organiser une pacifique croisade, et M. le professeur Small (de Chicago) a adjuré les diverses confessions, au lieu de se borner à endoctriner les enfans ou à soutenir des controverses, de s’allier pour améliorer les relations entre les classes. Le cardinal Gibbons a été l’éloquent interprète de ces sentimens d’union, quand, après avoir revendiqué pour l’Église romaine la priorité dans la fondation des institutions charitables, il a ajouté :

« Je suis heureux de reconnaître que les nombreuses corporations chrétiennes, en dehors de l’Église catholique, ont été et sont aujourd’hui de zélés promoteurs des œuvres de bienfaisance. Sans parler des innombrables œuvres humanitaires créées dans tout ce pays par nos frères non-catholiques, je rends un joyeux témoignage aux institutions philanthropiques fondées par Wilson et Shepherd, par Johns Hopkins, Enoch Pratt et George Peabody à Baltimore. Bien que nous différions par la foi, il y a une plateforme sur laquelle nous nous maintenons unis, c’est celle de la charité et de la bienveillance.

« La religion pure et sans tache devant Dieu, a dit l’apôtre, c’est de visiter la veuve et l’orphelin dans leur détresse et de se garder pur des souillures du monde ou, pour emprunter les paroles du païen Cicéron : Homines ad Deos nulla re propius accedunt, quam salutem hominibus dando. »