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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


La loi de 1871 assigne à la session d’août des conseils généraux une durée d’un mois au maximum ; mais il est devenu rare que nos assemblées départementales épuisent ce délai. À l’origine, — nous voulons dire après la grande perturbation nationale qui avait amené partout un personnel nouveau, — les conseils généraux étaient pleins d’ardeur, de prétentions, et d’inexpérience. Ils voulaient tout faire et avaient tout à apprendre. Nous en avons vu, à cette époque qui, non contens d’aller jusqu’au terme extrême que la loi leur avait assigné, s’imposaient, pendant la dernière semaine, des séances du matin et des séances de nuit. Les choses ont pris aujourd’hui une marche plus régulière et plus expéditive. Les conseils départementaux sont au courant des affaires qu’ils ont à traiter ; ils savent ce qui est important et ce qui l’est moins ; ils établissent, dès le premier moment, le programme de leurs travaux, si même ils ne l’acceptent pas d’une administration préfectorale dans laquelle ils ont confiance ; et au bout de huit ou dix jours ils ont le plus souvent terminé leur session. Lorsque certaines questions exigent une attention particulière, ils suspendent leurs séances pour donner à leurs commissions le temps de travailler, et ils les reprennent un peu plus tard. Tout cela se fait sans bruit, sans étalage de discours inutiles, sans démonstrations prétentieuses, sans distractions purement politiques, au grand avantage des affaires départementales, qui sont envisagées en elles-mêmes, en dehors de tout élément étranger. Cette année en particulier les conseils généraux avaient à pourvoir à l’exécution d’une loi importante, celle qui introduit l’assistance médicale obligatoire dans les campagnes. Dans beaucoup de départemens, cette assistance existait déjà sous des formes différentes, et, dans tous, le dévouement de nos médecins ruraux avait plus ou moins devancé l’œuvre d’humanité qu’il s’agissait de consacrer. Le mérite de la loi est, après avoir établi certains principes généraux, d’avoir laissé aux assemblées locales une grande liberté d’exécution. Plusieurs systèmes, se présentaient à l’esprit, et tel qui pouvait être bon dans un département l’était moins dans un autre. Fallait-il, par exemple, donner aux préfets la nomina-