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L'AFRIQUE ROMAINE

PROMENADES ARCHÉOLOGIQUES EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE

VI.[1]
LA LITTÉRATURE AFRICAINE


I

Il n’y a pas lieu d’être surpris que, dans les ruines des villes que nous venons de parcourir, nous n’ayons pas rencontré d’écoles. Comme en général l’école se tenait sous les portiques, ou aux étages élevés des maisons particulières, on comprend qu’il n’en reste rien ; mais soyons sûrs qu’il y on avait à peu près partout et qu’elles devaient être très fréquentées. Saint Augustin raconte qu’il reçut sa première instruction à Thagaste, où il était né, et qui était un fort petit municipe. Quand le maître de Thagaste n’eut plus rien à lui apprendre, on l’envoya tout près de chez lui, à Madaura, où les écoles étaient plus florissantes ; et, comme il y obtint beaucoup de succès, sa famille, quoique très pauvre, lui fit achever ses études à Carthage. Il y avait même des personnes qui ne s’en tenaient pas là : l’enseignement qu’on donnait à Carthage, quelle qu’on fût la réputation, ne leur suffisait pas ; il leur fallait passer par les écoles de Rome. Une loi de Valentinien nous montre que les Africains y étaient fort nombreux et souvent très dissipés : l’empereur ordonne que, si on les voit trop au spectacle, s’ils fréquentent les festins qui se prolongent

  1. Voyez la Revue des 15 janvier, 15 février, 1er avril, 1er juillet et 15 août.