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LES LIVRES D’ÉTRENNES

Les livres d’étrennes, cette année comme à l’ordinaire, donnent la mesure du goût du public, d’un goût toujours aussi variable et changeant sans doute que les temps eux-mêmes, sinon toujours très délicat et raffiné. Mais s’il en est beaucoup parmi ces volumes bariolés, pauvres éphémères où le vermillon, l’azur et l’or sont ce qu’il y a de plus brillant, et qui, nés du caprice d’un jour ou d’une préoccupation toute matérielle, eussent pu rester dans les limbes sans que la littérature ou la critique y perdissent rien, et disparaissent bientôt avec la cause passagère qui les a fait naître, il n’en est guère qui n’aient leur intérêt ou leur curiosité à les considérer simplement comme contribuant à la manifestation sans cesse renouvelée de ce goût et comme une expression concentrée et vivante des tendances originales de cette fin de siècle.

De cette éclosion annuelle il sort toujours quelques ouvrages de choix, et plus rares, qui accusent mieux ces tendances générales et sont, pour ainsi dire, la pierre de touche des esprits, et dans cette production, assurément un peu confuse, où le monde antique et le monde moderne, la réalité et la fiction se pressent dans un assez joli désordre, plus d’un porte avec lui son enseignement ou fait mieux voir l’étendue des progrès accomplis et sentir la valeur du savoir acquis. Ce sont ces beaux et utiles ouvrages d’une science sûre, d’une information précise, et ceux d’où la fantaisie s’échappe comme un parfum, où l’illustration répond au texte, où l’éducation de l’œil gagne quelque chose tandis que l’esprit profite, où l’instruction enfin trouve son compte, qui continueront d’être recherchés chez ceux qui les éditent et méritent d’être encouragés afin de pouvoir compléter ces savantes ou magnifiques collections où l’on n’a guère que l’embarras du choix.

Parmi les publications si importantes qui s’appuient sur une vaste érudition, reculent la limite de nos connaissances et peuvent être considérées comme des monumens de la science française, il faut citer