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chaque industrie a besoin : 12 000 mètres à l’éducation et à l’enseignement, cinq hectares aux œuvres d’art ; c’est la plus large place qui soit faite à un groupe. On y ajoute 2 hectares pour les instrumens et procédés généraux des lettres, des sciences et des arts. Dans ce groupe est comprise l’imprimerie, et une classe nouvelle y est adjointe pour le matériel théâtral. Le matériel et les procédés généraux de la mécanique occuperont 29 000 mètres. On peut s’étonner qu’ils n’en exigent pas davantage, mais la classification générale on détache plus d’un élément pour le rapprocher des produits qui en sortent. C’est le génie civil et les moyens de transport (44 000 mètres), qui viennent après les œuvres d’art et les fils, tissus, vêtemens (45 000 mètres). L’agriculture n’en exige que 34 000 et le mobilier 38 000. L’alimentation en réclame 17 000, et la chimie 15 000. Pourvu qu’elles ne confondent pas leurs produits ! Un groupe nouveau a été créé pour l’électricité. Il en est de même pour « l’œuvre morale et matérielle de colonisation ». Une Exposition centennale complétera les diverses sections et sera distribuée de façon à ne plus échapper comme en 1889 au regard des visiteurs. Ce sera une sorte de petit musée servant de vestibule à chaque groupe et autant que possible à chaque classe. Il y aura on tout 18 groupes divisés en 120 classes qui à leur tour comprendront autant de sections que la nature des choses en indiquera. Le commissariat compte sur l’Exposition centennale des beaux-arts et des arts décoratifs pour ajouter un grand attrait, — nous voudrions dire un sérieux enseignement, — à la grande fête du nouveau siècle. Il laisse entrevoir d’autres desseins qu’il formulera plus tard quand il aura pris le temps de les étudier. Ses classifications semblent sages, ce que l’expérience confirmera ou infirmera bientôt. Ses intentions sont bonnes si elles demeurent dans l’exécution à un niveau plus élevé qu’en 1889. On peut craindre néanmoins que la dispersion en petits musées-vestibules des objets qui constituent l’histoire de chaque branche de l’art et de l’industrie ne diminue singulièrement l’intérêt sérieux qu’il convient d’y attacher. Le visiteur vulgaire passera devant eux distrait, indifférent, sans rien y comprendre ; l’érudit, le savant fuira ces foules mobiles qui le troubleront dans son attention et dans ses recherches. En général la classification nouvelle, supérieure peut-être aux anciennes, paraît avoir emprunté à la tactique des armées modernes son ordre dispersé. N’était-ce pas assez qu’elle fût contrainte à l’adopter en grande partie par la découpure en six morceaux distincts de l’aire attribuée à l’Exposition, sans qu’il fût besoin d’en exagérer les inconvéniens ? Il y a lieu de penser qu’à l’épreuve les esprits distingués qui sont chargés de préparer les fastes de 1900 tiendront compte