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que le classement puisse marquer un degré de supériorité ni d’infériorité et qui est simplement (alphabétique, ont été distribuées de la manière suivante : les trois primes de 6 000 francs à MM. Girault, E. Hénard et Paulin ; les quatre primes de 4 000 francs à MM. Cassien Bernard et G. Cousin, Gautier, Larché-Nachon, et Raulin ; les cinq primes de 2 000 francs à MM. Blavette, Esquié, Sortais, Toudoire et Pradelle, Tronchet et Rey ; enfin les six primes de 1 000 francs à MM. Bonnier, J. Hermant, Louvet, Masson-Detourbet, Mewes, Thomas et Tavernier. Une remarque bonne à faire c’est que tous les lauréats sont des élèves sortis de l’Ecole des Beaux-Arts et que, parmi les 108 concurrens, 71, de ceux qui ont dit leur nom, ont la même origine.


II

Pas un des concurrens n’avait résolu en tous points le problème compliqué qui leur était proposé. Le fait était prévu. Le programme avait averti les intéressés que tout projet primé appartiendrait à l’Etat et que le commissariat aurait le droit d’y puiser à sa convenance tout ce qui lui paraîtrait utile aux tracés définitifs.

Il allait plus loin, il se réservait « la liberté la plus complète pour l’examen et la solution de toutes les questions relatives soit à l’établissement du projet définitif, soit à la direction et à l’exécution des travaux. » Pour parler clair, l’administration prenait le droit de puiser à son aise dans les projets primés, d’en amalgamer les élémens, de les fondre, de les corriger et aussi de les dénaturer, de les rendre méconnaissables, et cela sans que les auteurs pussent y faire obstacle, sans qu’ils fussent admis à donner leur avis, sans qu’ils aient plus tard à s’immiscer à un degré quelconque dans l’exécution ni dans l’interprétation de leurs idées. Ces réserves qui ont pu paraître excessives aux artistes, n’étaient peut-être pas inutiles. Les droits conférés aux auteurs des plans adoptés pouvaient très bien ne rencontrer qu’un savoir insuffisant chez le constructeur. De là, des tiraillemens, des luttes d’amour-propre, des accidens qui se sont produits dans la dernière Exposition. Nous estimons que l’administration a eu raison de se réserver un droit et une autorité dont elle usera d’ailleurs avec loyauté et bienveillance. Nous avons la conviction qu’elle n’expulsera pas du domaine dont il a conçu les grandes lignes et indiqué les reliefs l’architecte reconnu capable de les transporter du papier sur le terrain.

Il ne faut pas se dissimuler toutefois que cette latitude conférée à l’administration lui impose une responsabilité compliquée