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Dans la Prusse orientale, Schön, devenu président supérieur de sa province natale, poursuivit en cette qualité son opposition au programme politique de Hardenberg[1]. Et si sa présence et son opposition ne furent point, comme l’assuraient les collaborateurs de Hardenberg, la seule cause des difficultés que rencontra, de ce côté, l’application du nouveau régime, elles en furent certainement un des principaux élémens.

La noblesse aussi résista, soit par hostilité à Hardenberg, soit parce qu’elle se trouvait atteinte elle-même dans ses intérêts[2]. Sa résistance fut facilitée par la convocation des représentans nationaux appelés à Berlin en février 1811.

Ce qui caractérise cette résistance, c’est qu’elle se manifesta surtout à l’occasion des impôts qui atteignaient le grand propriétaire distillateur, assez habitué à la fraude, semble-t-il, dans les provinces orientales. On parlait bien pour la forme du caractère antipopulaire du nouvel impôt sur la farine qui frappait les contribuables les plus misérables, mais comme l’on proposait en même temps de remplacer les nouvelles taxes par un impôt de capitation, il semble que les préoccupations généreuses des représentans nationaux manquassent de sincérité.

Les nouveaux droits d’accise n’en furent pas moins appliqués. Ils rapportèrent durant une année des sommes considérables pour l’époque. Mais soit que les conséquences du nouveau régime aient paru exorbitantes à ceux mêmes qui en avaient eu l’initiative, soit que, malgré la fermeté de Hardenberg, il ne fût point possible alors en Prusse de négliger les résistances seigneuriales, la législation de 1810 fut remaniée peu après sa mise en vigueur, et ce remaniement vint donner à l’opposition une demi-satisfaction.

Moins d’un an après avoir été promulguée, le 18 septembre 1811 la loi du 27 octobre 1810 fut sensiblement modifiée par un nouvel édit. L’impôt sur la farine fut supprimé ; l’accise rurale fut maintenue ; mais les tarifs en furent sensiblement diminués. L’accise urbaine, avec les perceptions aux portes des villes qui avaient été conservées, revint à son ancien produit. Le produit de l’accise rurale fut réduit environ de moitié.

En revanche, le programme des représentans nationaux reçut satisfaction par l’établissement d’un impôt personnel qui devait produire à lui seul presque autant que l’accise rurale, plus d’un million de thalers par an.

  1. Karl Marmroth, Geschichte der preussischen Slaats-Besteuerung, p. 437. — Aus den Papieren des Ministers und Burggrafen von Marienburg, Theodor von Schön, I, Selbstbiographie, p. 66.
  2. Karl Mamroth, Ibid., p. 471. — Hausser, Deutsche Geschichte, III, p. 495.