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morceaux dont l’ensemble s’éleva, lors de la vente de 1887, à la somme de 18375 francs. Et ainsi de suite, dans beaucoup d’autres cas, avec cette particularité qu’un grand nombre de ces végétaux vendus si chèrement avaient été achetés à des prix très bas. En faisant un choix intelligent parmi les nombreuses espèces et variétés cultivées en Europe, on peut donc se trouver possesseur d’une belle collection de fleurs bizarres, aux coloris les plus délicats, exhalant les parfums les plus exquis de la flore tropicale, et pouvant, en un jour de détresse, offrir à son possesseur une ressource précieuse.

Ce qui fait hésiter bon nombre de personnes, même celles qui ont pour les plantes exotiques une véritable adoration, c’est la croyance qu’une serre d’Orchidées est d’un entretien coûteux, une fantaisie que, seules, les personnes très riches peuvent se donner. Ce serait le cas pour l’amateur qui voudrait posséder toutes les Orchidées, car, à cet ambitieux, il faudrait : 1° une serre humide pour y cultiver les espèces qui proviennent de l’Inde orientale et des pays brûlans de l’Asie ; 2° une serre tempérée pour les espèces américaines, mexicaines et celles originaires des zones tempérées et des autres pays chauds ; 3° un compartiment plus froid, à côté de la serre tempérée, pour recevoir, pendant la période des repos, les plantes qui proviennent d’altitudes très hautes, car plus ces plantes ont eu pour origine des régions climatologiques élevées, plus leur repos doit être prolongé. Il y a encore une catégorie d’Orchidées à feuillage orné et coloré appartenant pour la plupart à la tribu des Néottiées qui réclame aussi des soins particulièrement attentifs. Il faut à cette tribu, pour acquérir un beau développement, les parties les plus chaudes d’une serre, il faut en tenir même parfois sous cloche, pendant l’hiver, les sujets les plus beaux, tels que les Anœctochilus, les Goodyera, les Physurus, etc., et enfin, veiller surtout à ce que rien de malpropre ne les souille.

Les grands établissemens d’horticulture et d’introduction pour les plantes nouvelles possèdent les différens genres de serres et de bâtimens-annexes que nous venons d’indiquer. On les trouve à Paris, chez MM. Luddemann, Thibaut et A. Rivière ; à Clapton et à Chelsea, chez MM. H. Low et Veitz ; à Bruxelles, chez M. J. Linden, et chez bien d’autres amateurs et horticulteurs dont nous avons le regret de ne pouvoir citer les noms[1].

  1. La maison Rollison, de Tooting. Londres, en tête du savant catalogue qu’elle publie donne des indications précises sur le traitement à appliquer aux Orchidées, qu’elle répartit entre trois serres de températures graduées.
    La première, serre intermédiaire (serre tempérée), demande une chaleur de jour de