un numéro pour servir au règlement du compte, et un cheval conduit ces wagonnets jusqu’à une avenue plus vaste où, selon la configuration du sol et la distance qui sépare la mine des hauts fourneaux, divers systèmes de traction sont mis en usage. Plusieurs établissemens se servent, pour l’adduction du minerai, de chemins de fer aériens : on aperçoit à 12 ou 15 mètres en l’air, pérégrinant solitaires par la campagne et parcourant, de leur propre mouvement, semble-t-il, les kilomètres, des bennes suspendues à un câble sans fin ; les pleines, allant à la forge, marchant en sens inverse des vides, qui retournent à la mine ; toutes se suivant régulièrement à 25 ou 30 mètres d’intervalle, selon la force de résistance, exactement mesurée, des chevalets, des fils, et de la machine à vapeur qui les actionne.
Dans l’usine la plus importante de l’Est, à Hayange, les mines étant toutes voisines des forges, un ingénieux funiculaire sur rails amène seulement les wagonnets jusqu’à l’entrée de la galerie principale. Ils sont alors pesés sur une bascule et portés à l’avoir collectif des trois ouvriers qui les ont remplis. En moyenne, puisqu’il faut toujours revenir aux moyennes, chaque ouvrier extrait 5 000 kilos par jour et gagne 5 francs, non compris sa dépense de poudre d’environ un franc et les frais de boisage ou autres de la mine, qui coûtent à l’administration un franc par tête. Ces cinq tonnes de pierre à fer, semblable à de la meulière concassée, reviennent ainsi à 7 francs et produiront à peu près 1 600 kilos de fonte au sortir du creuset. Le bon marché du minerai est ici l’un des principaux facteurs de la réussite. Il est compensé par le prix élevé du combustible que l’établissement est obligé d’acheter au loin, bien qu’il possède des mines de houille à proximité.
C’est que tous les charbons ne sont pas propres à se transformer en coke pour la fonte. Ils ne doivent être ni trop gras ni trop maigres. Les forges du bassin de la Loire fabriquent elles-mêmes leur coke, en mélangeant, dans des broyeurs spéciaux, les houilles et les anthracites du pays. La plupart des forges de l’Est, au contraire, doivent payer de 10 à 11 francs pour le transport de mille kilogrammes de coke qui, au sortir des fours de carbonisation du Nord, de Belgique ; ou de Luxembourg, ne se vendent pas plus de 14 francs. Ce détail montre qu’il n’y a rien d’exagéré dans l’opinion généralement admise en métallurgie que la tonne de fer, prête à être livrée au commerce, a payé en transports sept, huit et jusqu’à dix fois sa valeur primitive ; en d’autres termes que le prix du fer se compose en grande partie de frais de ports multiples. D’où il suit que le plus sûr moyen de