que la longueur normale diminue, on a une sous-brachycéphalie croissante, compatible avec la supériorité.
En Europe, continue-t-on, la France exceptée, un homme de la classe supérieure en vaut, d’après les calculs de M. de Candolle, huit de la classe moyenne, au point de vue de la fécondité en talens, et il en vaut six cents de la classe inférieure. En France, il en vaut vingt des uns et seulement deux cents des autres. Les classes extrêmes en France sont donc supérieures aux classes correspondantes du reste de l’Europe ; la classe moyenne en France est inférieure et l’est devenue de plus en plus depuis cent ans ; la bourgeoisie du XVIIIe siècle valait quatre fois plus que la nôtre. Notre bourgeoisie actuelle a cependant tous les moyens de manifester ses talens, quand elle en a. — Soit ; mais, si elle ne le fait pas, est-ce parce que son crâne devient moins oblong, ou n’est-ce pas plutôt que, en vertu des circonstances historiques de son évolution, elle a dû s’attacher trop à l’argent, se montrer moins désintéressée, moins élevée dans ses aspirations ? Quant au peuple de France, si, tout en étant très supérieur à celui des autres pays, il manifeste encore deux cents fois moins de talens que l’aristocratie, l’explication la plus simple n’est-elle pas dans les difficultés que les talens trouvent à percer ? Est-il aisé à un maçon de révéler le « poète mort-né » qu’il a peut-être en lui ? A un ferblantier ou à un menuisier, de montrer ses talens d’orateur, de penseur, d’homme d’Etat ? L’esprit ne souffle pas « où il veut », mais où il peut. La proportion même des talens dans nos masses populaires est tout à leur honneur, quelque « celtiques » ou même touraniennes qu’elles puissent être.
On soutient encore que les hommes à tête longue, et surtout les blonds, ont un caractère religieux très prononcé, ce qu’on explique par quelque « accident de développement. » Au contraire, les Celto-Slaves, malgré leur « infériorité » générale, auraient cette supériorité particulière, prétend-on, d’être beaucoup moins religieux. Qui ne sent encore l’arbitraire de toute cette psychologie ? D’abord, nous ne saurions admettre la prétendue supériorité des races irréligieuses, s’il en existe. La religion est l’étape première de l’idéalisme, le premier effort de l’homme pour se dépasser lui-même, pour franchir l’horizon borné du monde visible. En outre, la répartition des races religieuses en Europe est des plus contestables. Les Celtes de notre Bretagne sont-ils moins religieux que leurs voisins les Normands ? Les Slaves de Russie passent-ils pour incrédules ? De même, la légèreté, la gaîté celtiques sont-elles visibles dans la rêveuse et contemplative Bretagne que nous décrit Renan, ou encore dans l’Auvergne, ou encore chez les brachycéphales d’Alsace, ou chez les placides et lourds Celtes de Bavière ?