de l’autre, « ce charme, du définitif qui est la marque vraie du génie latin. Cela est sobre à la fois et grandiose. Cela tient de l’inscription lapidaire, et cependant ce n’est ni raide ni convenu. Quand on approche de ce génie latin dans ses représentans les plus complets, le vieux terme de goût, dénaturé par la critique conventionnelle, reprend sa véritable signification, et l’on comprend quelles vertus d’intelligence il résume. Il en est d’autres, et de plus touchantes : celles-là sont les souveraines.[1]. »
Pour cette forme Renaissance de la musique que fut la mélodie, c’était un cadre à souhait que la Venise du XVIIe et du XVIIIe siècle. Venise alors jouissait avec délices de ses richesses, de sa corruption et de sa décadence. La magnificence et l’apparat de la civilisation vénitienne, le goût national des cérémonies, des assemblées et des fêtes, le génie enfin du peuple, tout favorisait la musique ; tout, jusqu’à la nature elle-même, jusqu’à cette eau partout présente, silencieuse partout, et qui semble ne se taire que pour mieux entendre chanter. Dès la seconde moitié du XVIe siècle, on représentait au palais des Doges des allégories dramatiques et musicales. C’était, par exemple, en 1571, le jour de la Saint-Etienne, devant le doge Aloïse Mocenigo, Il trionfo di Cristo per la vittoria contro i Turchi. Déjà, dit M. Molmenti[2], déjà quegli uomini allegri non avevano tempo per annoiarsi ; ce peuple joyeux ne trouvait jamais le temps de s’ennuyer. En 1581, dans une autre représentation, on voyait l’Année finissante emmener avec elle les Divertissemens et les Fêtes. Celles-ci prenaient congé du doge, et, tandis qu’elles lui rendaient hommage, on chantait : « En quel lieu — Trouvons-nous meilleur accueil ? Ici les jours heureux et gais — Apportent double plaisir. — Ici, comme en paradis, — Avec la vertu règnent la paix, les fêtes et les rires[3]. » Puis s’élevait un débat philosophique entre un stoïcien et un épicurien. Alors intervenait la Sibylle, qui terminait le différend par un hymne en l’honneur de la voluptueuse Venise.
Moins d’un siècle plus tard, en 1669. Sansovino écrivait : che la musica aveva la propria sede in questa città. La musique triomphait et triomphait seule, au milieu des autres arts en