religieuse, nous apparaissent comme étant nécessairement, dans une certaine mesure, divines et sacrées. Car l’homme n’en a pas été le seul auteur ; dans toutes, il a eu pour collaborateur l’étincelle divine qui a enflammé notre argile. »
Le roman de Marcella, se clôt ainsi, comme ses deux aînés, sur la même pensée religieuse, par le même acte de foi. L’homme n’est pas seul dans ses luttes et dans ses peines pour établir un ordre social plus juste, plus paisible, plus heureux ; car une force divine travaille avec lui, celle qui l’a déjà aidé à sortir de la barbarie pour se civiliser de plus en plus, ou, pour emprunter le langage de saint Paul : Nous sommes co-ouvriers avec Dieu ! Ce troisième ouvrage de Mme Ward me paraît en progrès sur les autres ; il y a bien encore quelques longueurs dans le dernier volume, à propos de la fondation du journal socialiste le Clairon ; mais les personnages sont moins nombreux et leur caractère mieux tracé ; les meilleurs sont ceux de Marcel la, d’Aldous Raeburn et de son rival Wharton ; l’action se déroule avec rapidité, les péripéties sont bien amenées et ressortent du conflit même des idées ou des positions sociales, le dénouement est naturel. C’est celui de ses romans qui se prêterait le mieux à une traduction française et se rapproche le plus de notre ; goût.
Nous ne sommes pas quittes avec Mme Humphry Ward après avoir analysé ses romans : ce n’est là qu’une moitié de son œuvre et non pas celle qui, depuis cinq ans, absorbe au plus haut degré sa pensée et ses efforts. C’est, en effet, un des traits distinctifs de la race anglo-saxonne que les idées ne sauraient y rester longtemps à l’état platonique ; elles tendent de suite à l’action et se réalisent sans retard sous forme de lois, d’associations, et d’institutions. Le verbe se fait chair. On sait les résultats étonnans de la prédication de John Wesley et de Whitefield, il y a un siècle et demi : aujourd’hui l’Angleterre et les États-Unis sont couverts d’églises, d’écoles et de missions méthodistes, qui constituent une des associations les plus riches et les plus entreprenantes, après l’Eglise catholique. — Plus près de nous, le roman de M. W. Besant, All sorts and conditions of men (1882), qui décrivait avec une tristesse poignante les misères et les hontes de la population de l’East-End de Londres et imaginait que son héros, avec sa riche fiancée, allaient s’y établir pour les civiliser, en les dotant d’un « Palais des Délices », donna l’impulsion au grand mouvement connu sous le nom de University Settlement. On vit bientôt s’élever Toynbee Hall, à Whitechapel (1884), puis, dans le quartier même décrit par M. Besant, le Palais du peuple ; et au fur et à mesure se fonder dans toutes les grandes villes d’Angleterre des