un nouveau club, présidé par miss Elizabeth King, s’attaque en ce moment à l’exploitation de l’enfance et au système pressurant des sous-contrats en matière de fabrication, sweating system. Elle fait dans toute l’Amérique de fréquens voyages d’enquête, elle est venue en France se livrer à une étude approfondie de nos écoles professionnelles, qu’elle place très haut et cite comme modèles. Personne n’aura contribué davantage à prouver que c’est un devoir national que d’élever le goût du peuple par une éducation d’art, au moins élémentaire, dans les écoles publiques de tout rang. Cette situation éminente d’une femme investie de fonctions administratives est remplie avec une simplicité remarquable. On s’assure, en voyant tour à tour miss de Graffenried dans les bureaux du départment of labor et dans l’agréable intérieur où elle vit auprès de sa mère, que la femme peut tout aussi bien que l’homme « aller à son ministère ». Chez elle, j’ai rencontré miss Fletcher, la bienfaitrice des Indiens, dont le nom est déjà venu sous ma plume à propos d’une des œuvres les plus considérables qui aient été entreprises en Amérique, la plus considérable peut-être puisqu’elle tend à résoudre le grand problème du rapprochement des races.
Miss Fletcher, seule de son sexe, compte parmi les fellows, les agrégés de Harvard. Elle a été conduite à la charité par la science, ayant entrepris pour l’amour de l’ethnologie des recherches longues et difficiles qui la forcèrent de vivre au milieu des Indiens, dans quelles dures conditions, il faut le lui entendre conter, si modeste, si oublieuse de soi qu’elle puisse être. Un témoignage visible de ses souffrances frappe les yeux avant qu’elle ait parlé ; elle boite, — infirmité glorieuse comme une blessure reçue au feu. C’est la trace d’une maladie grave qu’elle subit sous la tente, soignée par les Indiens. D’une de ses sauvages infirmières elle a fait un médecin, pourvu aujourd’hui de diplômes et qui exerce sa profession dans l’école de la réserve où elle vit. On sait que les réserves sont des terrains gardés aux indigènes et formant une ligne de frontière entre leur territoire et les États-Unis.
« — Mon travail scientifique, me dit miss Fletcher, commença il y a seize ans, et une grande partie de ce temps-là fut employé par moi en investigations personnelles. Vivant parmi les Omahas, je fus frappée des torts dont notre gouvernement se rendait coupable envers eux sans le savoir, me semblait-il. Je réclamai et je me fis entendre ; depuis lors, j’ai pris à tâche d’améliorer la situation des tribus, au moins en ce qui concerne leurs demeures et l’éducation de leurs enfans. J’ai divisé par lots et distribué à