financière de la Grèce dépendent de deux conditions : une bonne administration et l’amélioration du cours du change. Une bonne administration ne peut être espérée que d’un changement de système politique. L’amélioration du cours du change ne dépend pas du gouvernement : les mesures officielles, en la matière, sont illusoires.
La prime de l’or s’élève ou s’abaisse suivant qu’un pays a beaucoup d’or à payer à l’étranger ou beaucoup d’or à en recevoir. Or dans ces dernières années la Grèce payait en or les coupons de sa dette extérieure ; elle payait en or ses bateaux cuirassés, ses torpilles, ses canons commandés à l’étranger. Pendant ce temps, les exportations et notamment celle du raisin sec, son principal produit, se restreignaient, et par conséquent elle avait moins d’or à recevoir.
Il est toujours dangereux pour un pays de se consacrer presque exclusivement à une culture unique. Le sol de la Grèce est si favorable à la culture du raisin, qu’on a couvert de vignes toute la côte du Péloponnèse, depuis Corinthe jusqu’à Patras et depuis Patras jusqu’à Calamata. On est arrivé à un excès de production qui a coïncidé avec une réduction de l’exportation, certains pays occidentaux ayant élevé des barrières douanières contre l’introduction des raisins secs. Donc, déficit dans l’exportation en même temps que baisse des prix. L’or a émigré ou s’est caché. Le change a brusquement monté. La panique, comme toujours, a exagéré un mal réel, et la prime de l’or est beaucoup plus élevée que ne l’aurait exigé la situation monétaire du pays.
Quand on voit le change arriver à des hauteurs vertigineuses, on est tenté de croire qu’il ne redescendra jamais. C’est l’impression actuelle en Grèce. Elle me parait beaucoup trop pessimiste. Les crises du change sont passagères dans les pays qui travaillent et qui produisent : c’est le cas de la Grèce. La population y vaut mieux que l’administration, et les affaires des particuliers marchent beaucoup moins mal que celles de l’Etat.
Les viticulteurs hellènes ont cherché à utiliser à l’intérieur une partie de leurs raisins qu’ils ne pouvaient pas vendre au dehors. Ils en font de l’eau-de-vie. Des distilleries se sont fondées, d’autres qui existaient déjà se sont développées. La fabrication s’est améliorée. Aujourd’hui les cognacs de Grèce se vendent dans tout l’Orient, en Égypte, en Turquie, et commencent à faire concurrence aux eaux-de-vie d’Occident.
Le raisin sec d’ailleurs est en train de s’ouvrir un nouveau débouché. C’est un service qui a été rendu à la Grèce par la monarchie. Le roi Georges a obtenu personnellement de