ratifiée, que Bonaparte aurait ses 10 000 Piémontais, qu’il recevrait 6 000 hommes pris à l’armée d’Allemagne, qu’Augereau avait l’ordre de se tenir prêt, et que le Directoire maintenait son ultimatum du 29 septembre ; il invitait Bonaparte à ne rien donner aux Napolitains, à révolutionner Rome, à garder Ancône, avec des côtes. « Le Directoire, ajoutait-il, n’entend abandonner à l’Autriche que l’Istrie et la Dalmatie ; encore ne les cède-t-il qu’avec le plus grand regret. Si, pour continuer la guerre, Bonaparte manque de troupes, il pourra, aux frais des Cisalpins, enrôler des Suisses : c’est une mesure « inusitée depuis la Révolution », mais le Directoire n’y voit point d’inconvénient.
Le 21 octobre, le citoyen Bottot arriva à Paris, avec la lettre où Bonaparte annonçait, comme imminente, la signature de la paix, renouvelait ses offres de démission et sollicitait lui-même le démembrement de ses pouvoirs. Les Directeurs avaient à la fois trop besoin de lui et trop peur de lui pour ne point saisir au vol l’occasion qu’il leur présentait. Ils écrivirent sur-le-champ une grande dépêche au général. — Ils regrettent, disent-ils, que la démarche de Bottot n’ait pas entièrement effacé les impressions fâcheuses de Bonaparte : le Directoire conserve en lui toute confiance ; aussi conforme-t-il ses précédentes instructions ; il offre ainsi ample matière à l’esprit d’entreprise du général. L’expulsion des Autrichiens de l’Italie n’est qu’une étape dans la carrière que le Directoire lui ouvre. « Il reste un grand objet… : c’est l’état de la Turquie. Vous êtes placé assez près de la Grèce pour savoir à quoi vous en tenir sur la situation de cette puissance. Si elle ne veut pas être une alliée utile et effective de la République, si son sort est d’être envahie par des voisins qui la convoitent, il ne faut pas qu’il en soit de ce partage comme de celui de la Pologne. Vous entendez aisément quels sont les intérêts et les vues possibles de la République française. Il faut songer à l’avenir et au commerce du Levant. Dans cette vue, outre les îles et les ports de l’Albanie vénitienne, il faudra ménager à Ancône un établissement un peu arrondi… Quant à l’île de Malte, vous avez déjà reçu les ordres de prendre toutes les mesures que vous croiriez nécessaires pour qu’elle n’appartint pas à qui que ce fût qu’à la France. » Tant et de si grandes affaires occuperont assez Bonaparte. Aussi le Directoire le décharge-t-il des négociations avec l’Autriche, dans le cas où la guerre recommencerait. Bonaparte demande des publicistes, pour organiser l’Italie : le Directoire en enverra, et des plus distingués, des plus neufs et à la dernière mode : à défaut de Sieyès, Benjamin Constant. Enfin les Directeurs le félicitent de ses nobles considérations sur la pente trop forte des esprits vers le gouvernement militaire. « Rien de plus sain que la maxime