d’escadre, puisqu’il n’est pas un navire de combat et que son armement défensif, en particulier, est tout à fait insuffisant ; mais il ne nous est pas prouvé que l’éclaireur ne puisse, à l’occasion, devenir un preneur de paquebots ; car, qui peut le plus peut le moins…
Si l’on entend par là que, rencontrant sur son chemin un vapeur de commerce ennemi qui reste complaisamment sous sa volée, l’éclaireur ne se fera pas faute de le capturer, nous n’avons rien à dire là-contre.
Mais examinons comment les choses se passeront en réalité : bâtiment de combat, notre éclaireur a forcément la physionomie caractéristique des bâtimens de combat. Très sensible et visible de loin, la courbe de son étrave accuse déjà au-dessus de l’eau la saillie de son éperon (peu importe d’ailleurs que cet éperon soit une arme véritable, ou qu’il ne s’agisse que d’un artifice de construction destiné à favoriser la vitesse). Son avant et son arrière sont abaissés pour faciliter le tir des pièces de chasse et de retraite placées dans l’axe ; et la carapace de ces bouches à feu forme un renflement que l’on distingue à une assez grande distance. La mâture surtout, sans parler des cheminées et des passerelles, ne permet aucune hésitation et dénonce le navire de guerre à plusieurs milles à la ronde.
Dès lors, comment admettre que ce paquebot ennemi continue sa route et vienne s’offrir aux coups d’un bâtiment aussi suspect ? — Il prendra chasse, c’est certain, et la question se posera pour l’éclaireur de savoir s’il doit interrompre sa mission — en compromettre le succès par conséquent — sur l’espoir chanceux de capturer un vapeur dont le chargement n’aura peut-être qu’une valeur médiocre.
Et d’ailleurs, quelle dépense de charbon, alors que l’approvisionnement total est si étroitement mesuré !… Et si le paquebot est pris, quel affaiblissement de la valeur militaire de l’éclaireur ! Ne faudra-t-il pas, pour composer un équipage à la prise, se priver des services d’un officier, de plusieurs seconds maîtres et quartiers-maîtres, de mécaniciens et de fusiliers ; services essentiels peut-être, précieux en tout cas, puisque nous n’avons pas ici, comme sur le croiseur, de supplément d’effectif ?
Non, il faut le dire sans hésitation : la capture des navires de commerce ne saurait être permise aux éclaireurs, dans le cours des opérations. Nous n’admettrons cette utilisation de leur vitesse, la seule de leurs facultés, en somme, qui les rapproche des croiseurs, que si notre flotte était bloquée dans sa base d’opérations par des forces supérieures. Dans ce cas les éclaireurs pourraient