Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 130.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hélas ! voici qu’aux premiers pas,
Lassé de sa course sublime,
Il chancelle. — Et, là-bas, la cime
Resplendit, qu’il n’atteindra pas !

Pourtant il est plein d’espérance ;
Il se confie en sa bonté.
Des rêves d’immortalité
Lui tombent du soleil de France.

Quelques mots du rite chrétien
Flottent encore en sa mémoire :
S’il doute, hésite, et ne peut croire,
Il voudrait faire un peu de bien.

Ame d’amour et de faiblesse,
Cœur simple, presque adolescent,
En sa peine il est innocent
Jusqu’à sourire à qui le blesse.

Les femmes ont les yeux si doux !
Si candide est l’adieu des roses !
Il se dit de si tendres choses,
Vers le soir, dans le bois des houx !

Comme un éclair déchire l’ombre,
Souvent triste et parfois chantant,
L’Amour illumine un instant
Sa nuit, qui redevient plus sombre.

Le voilà prêt à repartir,
Et tout se teint d’un bleu céleste.
Une heure après il ne lui reste
Qu’un peu de cendre, un repentir.

En vain s’entr’ouvre l’églantine.
— Halte, halte I Qui donc vient là ? —
Eh ! l’éternelle Dalila
Guidant la horde philistine.

Et c’est bien fini désormais,
Car tout l’irrite et tout le froisse.
Il attend, plongé dans l’angoisse,
Un secours qui ne vient jamais.