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température absolue du réfrigérant, on obtient deux quotiens numériquement égaux entre eux.

Si l’on divise la quantité de chaleur que dégage un système durant une certaine modification, par la température absolue à laquelle le système est porté pendant cette modification, on obtient ce que Clausius nomme la valeur de la transformation, — ou, plus brièvement, la transformation — éprouvée par le système ; tout changement d’état qui dégage de la chaleur correspond à une transformation positive ; toute modification qui absorbe de la chaleur correspond à une transformation négative.

Prenons un système qui parcourt un cycle de Carnot ; parmi les modifications qu’il éprouve, il en est deux seulement qui aient une valeur de transformation ; ce sont réchauffement qu’il subit au contact du foyer et le refroidissement qu’il éprouve au contact du réfrigérant ; les deux autres modifications du système n’absorbent ni ne dégagent de chaleur ; leur valeur de transformation est nulle. À l’action du foyer correspond une transformation négative ; à l’action du réfrigérant une transformation positive, et ces deux transformations sont de même grandeur ; leur somme est nulle ; la transformation négative compense exactement la transformation positive.

Cette propriété du cycle de Carnot peut s’étendre à toute série de modifications, quelle qu’en soit la nature, qui prend le système dans un certain état et le ramène au même état, en un mot, à tout cycle. Prenons chacune des modifications dont la succession constitue ce cycle ; calculons la valeur de transformation qui lui correspond ; ajoutons ensemble toutes ces valeurs ; nous obtiendrons toujours une somme égale à zéro ; toujours les transformations négatives compenseront exactement les transformations positives.

Nous avons dit que cette belle proposition était générale, qu’elle appartenait à tout cycle ; il nous faut cependant y apporter une restriction et ce n’est pas l’un des moindres titres de gloire de Clausius que d’avoir précisé cette restriction.

Pour établir la loi essentielle à laquelle est soumis tout moteur qui décrit le cycle par lui imaginé, Sadi Carnot suppose que, sans rien changer à la nature des corps qui composent le moteur, ni des corps qui l’environnent et agissent sur lui, on puisse faire décrire au moteur le même cycle en sens contraire ; que l’on puisse lui faire consommer un travail égal à celui qu’il développait auparavant ; que l’on puisse remplacer tout dégagement de chaleur par une absorption équivalente, toute absorption de chaleur par un dégagement qui la compense exactement. Les pro-