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la XVIIe dynastie : il est donc intéressant de pouvoir comparer entre eux le travail de la XVIIe et celui de la XIIe dynastie, du XVIIe siècle et du XXVIIe au moins avant notre ère.

Dans le premier trésor était un pectoral en or massif, en forme de naos, c’est-à-dire d’édicule avec une corniche et deux montans, comme les portes des naos où l’on renfermait la divinité tutélaire d’un temple ou d’une famille. Ce bijou était incrusté de pierreries — cornaline, émeraude, lapis-lazuli, — et les couleurs verte, rouge et bleue de ces trois pierres sont utilisées avec le plus grand goût. Le bijou est découpé à jour et la partie intérieure du naos est occupée par des signes hiéroglyphiques formant ce qu’on appelle le protocole royal du roi Ousortesen II. Le revers est très délicatement ciselé et le travail tout entier du bijou dénote une grande habileté.

Un autre pectoral de forme semblable est au nom du Pharaon Amenemhât III. Outre des signes hiéroglyphiques, il contient deux personnages répétés à droite et à gauche, et la scène tout entière s’explique par les hiéroglyphes incrustés et découpés à jour : le Pharaon s’apprête à frapper de sa massue les personnages représentant les deux peuples ennemis de l’Égypte, les Satiou et les Mentiou. Derrière le roi estime croix ansée ayant des bras qui tiennent l’ombrelle royale, c’est-à-dire le double vivant du roi qui ombrage son corps dans la chaleur du massacre. Toute cette scène est couverte par un vautour qualifié de Dame du ciel, régente des deux pays, c’est-à-dire la déesse Nant. Le roi qui fait l’action méritoire de massacrer les prisonniers de guerre est appelé en vertu de cette action Dieu bon, maître des deux pays (l’Égypte de l’est et l’Égypte de l’ouest) qui frappe toutes les nations habitant sur les hauts plateaux. Ce bijou, également en or, incrusté de cornaline, de lapis-lazuli et d’émeraude, pèse 135 grammes.

Un troisième bijou, de forme à peu près semblable, porte le cartouche du roi Ousortesen III. La corniche du naos est soutenue par deux colonnettes à chapiteau loti forme, du milieu desquelles sort un bouquet de fleurs. Au-dessus du cartouche plane le vautour étendant ses ailes et dont les pattes enserrent par le haut le cartouche du roi. Ce cartouche est soutenu par la patte droite de devant de deux lions à tête d’épervier, coiffés de la double plume d’autruche au milieu des cornes, la queue relevée, et foulant de leurs pieds de derrière un nègre, tandis qu’entre leurs pattes de devant un Asiatique semble les supplier. Ce bijou en or, incrusté des mêmes pierres que les précédens, est du poids de 63 grammes. Le plus grand de ces bijoux n’a que 0m, 104 de long sur 0m,088, de hauteur, le plus petit, 0m,048 de long sur 0m,05 de haut.