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droit de polygamie et entreprendre une campagne pour l’émancipation de leurs femmes.

Je ne veux pas quitter les revues anglaises avant d’avoir signalé encore, dans la Fortnightly Review de juin, la réponse — si longtemps attendue — de M. Herbert Spencer au livre de M. Balfour sur les Fondemens de la croyance. Mais l’attente du public a été quelque peu déçue. M. Spencer, en effet, n’aime pas la polémique : il y apporte le plus souvent un ton de mauvaise humeur et de lassitude qui n’est guère pour renforcer l’intérêt de son argumentation. Et le plus clair de son argumentation paraît consister, cette fois, à accuser M. Balfour d’être « anthropocentriste », et de rétrograder ainsi vers une conception de l’univers désormais dépassée. M. Spencer reconnaît d’ailleurs que c’est pour les agnostiques eux-mêmes une source de grand chagrin de ne pas être mieux renseignés qu’ils ne sont sur la vraie signification de l’univers. Il regrette seulement que M. Balfour se soit montré si injuste pour les bienfaits de la science. « Car enfin, dit-il, c’est la science qui a permis à l’humanité de progresser du boomerang au canon de cent tonnes, et de l’écriture primitive à des journaux dont il s’imprime vingt mille feuilles par heure. » Voilà certes deux beaux progrès ; mais je crains que M. Balfour n’en soit pas aussi reconnaissant à la science que M. Herbert Spencer.


T. DE WYZEWA.